Lutte contre l’épilepsie : Pr Mofou Belo, Spécialiste de neurologie et de neurophysiologie
- Posted on 26/02/2024 15:09
- Film
- By abelozih@sante-education.tg

Extrait de l'article: Maladie neurologique caractérisée par une excitation anormalement élevée des cellules du cerveau, l’épilepsie est un phénomène peut être très violent qui mobilise tous les muscles du patient qui se retrouve physiquement fatigué. Tout savoir sur cette
« Un suivi régulier et adéquat à chaque patient
est nécessaire pour la prise en charge de l’épilepsie. La prise en charge est
souvent pluridisciplinaire… Il ne faut ni avoir peur, ni honte de l’épilepsie… »
Maladie neurologique caractérisée par une excitation anormalement élevée des cellules du cerveau, l’épilepsie est un phénomène peut être très violent qui mobilise tous les muscles du patient qui se retrouve physiquement fatigué. Tout savoir sur cette maladie avec Professeur Mofou Belo, Chef de division de la surveillance des maladies non transmissibles, au Ministère togolais de la Santé.
Santé-Education : Qu’est-ce que l’épilepsie ?
Pr Mofou Belo : L’épilepsie est une maladie neurologique
chronique caractérisée par une répétition de crises épileptiques. La crise
épileptique étant due à une hyper activité paroxystique d’un groupe de neurones
cérébraux. Le terme paroxystique veut dire que les signes commencent et
finissent brusquement. Plusieurs types de manifestations peuvent se voir. La
plus fréquente est la crise généralisée intéressant l’ensemble du corps. Une
perte de la conscience peut survenir après la crise épileptique.
Quelles sont les causes de cette maladie chez
l’enfant ?
Les causes sont multiples. Quand on parle de
l’épilepsie de l’enfant, il y a ce qu’on appelle les causes structurelles ou
lésionnelles. Cela veut dire que l’épilepsie est due une lésion cérébrale. Les complications
pendant la grossesse, et l’accouchement peuvent aboutir à des souffrances
fœtales provoquant des lésions cérébrales. Les infections du système nerveux
tel que les méningo-encéphalites, les abcès du cerveau peuvent laisser des
séquelles au cerveau. Les malformations
cérébrales congénitales, les tumeurs cérébrales, les traumatismes crâniens sont
également des causes d’épilepsie. De plus en plus avec l’évolution de la
science, certaines anomalies génétiques prédisposent à la survenue de crise épileptique.
Quels sont les manifestions de l’épilepsie ?
Les manifestations de la crise épileptique sont de plusieurs ordres. On distingue les crises généralisées et les crises focales. Les crises généralisées peuvent être toniques, cloniques ou tonico-cloniques. Les crises toniques sont des contractures musculaires soutenues, les parents décrivent que leurs enfants sont raides. Les crises cloniques, ce sont des secousses musculaires brèves. La crise tonico-clonique avec une phase tonique et une phase clonique. Les crises généralisées s’accompagnent souvent d’une perte de connaissance, parfois d’émission d’urine. Chez les enfants on rencontre également des crises d’absences : C’est le cas par exemple d’un enfant qui, brusquement interrompt son jeu. On a l’impression qu’il est absent et puis il revient à lui en quelques secondes et reprend son jeu. Chez les enfants d’âge scolaire, l’enseignant peut constater qu’il s ‘arrête à un moment donné décrire et reprend l’écriture après la crise, tout cela en quelques secondes. Les crises peuvent se manifester également par des chutes inexpliquées.
Les crises focales dépendent de la zone cérébrale
responsable de l’épilepsie. Exemple : si ce sont les neurones de la vision
qui sont concernés le patient peut présenter des hallucinations visuelles. La
personne perçoit la même image à chaque fois alors que l’image n’existe pas.
Comment décririez-vous l’ampleur de cette maladie
en votre vécu quotidien dans la prise en charge des patients qui en
souffrent ?
C’est une maladie qui est fréquente, beaucoup d’enfants
sont concernés par cette pathologie. Environ 5000 enfants sont régulièrement
suivi dans les services et les centres de santé ; de nouveaux cas continuent
d’être diagnostiqués par les pédiatres, les neurologues.
Peut-on guérir de l’épilepsie ?
L’épilepsie se traite. En fonction du type
d’épilepsie nous prescrivons des médicaments dit antiépileptiques. Un suivi
régulier et adéquat à chaque patient est nécessaire pour la prise en charge de
l’épilepsie. La prise en charge peut être pluridisciplinaire faisant intervenir
les pédiatres, les psychiatres, les neurologues, les médecins de famille et les
neurochirurgiens etc…
Quelles sont les complications de
l’épilepsie ?
Les crises épileptiques non traités peuvent se
compliquer d’un état de mal épileptique avec des crises répétées ou rapprochées
pouvant aboutir à une perte de conscience prolongée. Ceci étant, je ne
parlerais pas systématiquement de complications mais de conséquences. Des
traumatismes tels que des brulures, des fractures peuvent survenir pendant les
crises. L’épilepsie a des conséquences souvent négatives sur la qualité de vie
de nos patients avec un impact sur la vie sociale (marginalisation, exclusion
sociale…) sur le plan scolaire chez les enfants.
Y a-t-il des tranches d’âge concernées par
l’épilepsie quand on prend le cas des enfants ?
Si je dois faire le point prenant le cas des
enfants qui sont suivis, la majorité est constituée d’enfants qui ont entre quelques
jours et 20 ans. Ce sont des enfants d’âge scolaire. Dans une moindre
mesure des nouveau-nés, des nourrissons et des adultes peuvent être concernés
Peut-on prévenir l’épilepsie ?
On peut prévenir en exhortant, par exemple, les femmes à un bon suivi des grossesses et des accouchements planifiés en milieu de soins spécialisés. Le respect du calendrier vaccinal est conseillé.
Quelles sont les principales difficultés
auxquelles sont confrontés les patients ?
Je parlerai surtout de l’accessibilité aux
médicaments antiépileptiques. Les médicaments sont couteux. Souvent on est
amené à adapter la prise en charge thérapeutique de nos malades aux revenus du
patient ou des parents.
Votre mot de fin
Il faut lutter contre les préjugés concernant
l’épilepsie. L’épilepsie peut arriver à tous les âges de la vie. Même la
personne plus âgée peut se retrouver être malade de l’épilepsie. Il ne faut ni avoir
peur, ni avoir honte de l’épilepsie. L’enfant fait une crise à l’école,
ses camarades trouvent qu’il n’est pas normal et le fuient ; les
enseignants craignent souvent ces élèves. De même, il faut avoir le réflexe de
consulter quand il y a des signes et se faire prendre en charge. Je
demande aussi aux patients d’adhérer à la prise en charge.
Propos recueillis par Abel OZIH