Quand devient-on addict à un comportement ou une substance ? Réponses du Dr Selom Zinsou Degboe, Psychologue Clinicien, Spécialiste des addictions au CHU Campus de Lomé
- Posted on 19/08/2022 12:23
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- By abelozih@sante-education.tg
Extrait de l'article: Une addiction est une consommation abusive d’une substance psychoactive (drogues) ou d’un comportement (pratique),
Une addiction est une consommation abusive d’une substance psychoactive (drogues) ou d’un comportement (pratique), avec des tentatives infructueuses de contrôle d’y mettre fin malgré les conséquences négatives induites dans la vie de la personne qui en souffre. Les jeunes sont de plus en plus touchés par les addictions.
Différence entre addiction et dépendance
Beaucoup de gens ne mettent pas de différence entre les deux termes. Mais les terminologies ont évolué depuis ces années. Certains experts par contre trouvent une différence entre la dépendance qui est l’ensemble des manifestations physiques qui apparaissent après l’arrêt brutal d’une consommation et l’addiction qui résulte d’une consommation abusive d’une substance ou d’un comportement, malgré la conscience des effets néfastes de cette consommation sur la vie de la personne.
La définition typique de l’addiction est une maladie cérébrale définie par une dépendance à une substance ou une activité. Les Américains quant à eux parlent de troubles d’usage. Ainsi, on est arrivé à dépister la sévérité de l’addiction ou d’un trouble d’usage chez une personne. La personne qui souffre d’une addiction ou d’un trouble d’usage sévère est dans la dépendance d’une substance psychoactive ou d’une activité. La définition de l’OMS selon laquelle l’addiction est « un état de dépendance périodique ou chronique à des substances ou à des comportements.» Cette convention doit amener tout chercheur ou praticien à utiliser le même langage pour mieux aider ceux qui cherchent une rémission.
Différents types d’addiction
On distingue essentiellement deux types d’addiction : les addictions aux substances psychoactives (drogues) à savoir : les drogues licites ou autorisées (l’alcool, tabac et certains médicaments) et les drogues illicites ou non autorisées (cannabis, cocaïne, héroïne, les opioïdes, LSD, cracks etc.) et les addictions sans substances ou addictions comportementales à savoir les jeux de hasard et d’argent, les jeux vidéo, l’internet, le sexe, le travail (workalisme) et les achats compulsifs.
Facteurs addictogènes
Il y a essentiellement les facteurs en lien avec l’individu lui-même. Elles peuvent être liées à l’âge, au sexe, aux facteurs génétiques, à sa personnalité, ou au vécu quotidien avec les facteurs de stress. On a aussi les facteurs en lien avec la substance, c’est-à-dire son action sur le cerveau (avec les potentiels intoxicants, agressifs et addictifs), la place occupée sur le plan social, la disponibilité, et l’accès, surtout le coût. Et enfin, les facteurs en lien avec son environnement. Là on y retrouve : l’activité, les amis, les loisirs et ses interactions avec les autres.
Reconnaitre un addict à un comportement
Lorsque ce comportement commence à impacter tous les aspects de votre vie de manière négative, et malgré cela vous continuez, vous êtes dans une addiction. L’addiction a un impact négatif sur tous les aspects de la vie de l’individu, que ce soit sur le plan sanitaire, professionnel, familial, social et économique. Pour les addictions comportementales, en dehors du fait qu’elles n’entraînent sur le plan physique moins de conséquences que les addictions aux substances, elles vont représenter les mêmes problèmes parce que quand vous êtes addict à un comportement, toutes les activités de votre vie sont délaissées au profit de ce comportement. Si on prend par exemple l’addiction au sexe. La personne addict au sexe est capable d’aller rechercher du sexe aux heures de service. Même si elle a conscience que ce qu’elle fait n’est pas normal, elle continue quand même parce qu’elle ne peut pas s’en passer. Tout cela va l’amener à avoir des comportements à risques : défaut du port du préservatif, partenaires multiples…
Comment s’en sortir ?
La personne peut suivre une prise en charge médico-psycho-sociale prouvée en consultant les spécialistes. Déjà en parler à un proche, un ami sont des prémices qui permettent à la personne ayant un problème avec sa consommation ou avec une activité de commencer le travail de changement qui va la conduire vers une rémission. Cependant, nous rencontrons quelques difficultés pour la prise en charge des addictions. Des difficultés au niveau de l’insuffisance en personnel qualifié, en structures adaptées. Nous demandons aux autorités de renforcer les actions qui sont déjà menées pour renforcer le contrôle sur l’offre, doter le pays de centres d’addictologie.
Propos recueillis par William O.