Insalubrité dans les rues : incivisme et insouciance des citoyens

Insalubrité dans les rues : incivisme et insouciance des citoyens
Extrait de l'article: L’insuffisance ou le non-respect d’assainissement et les mauvaises habitudes en matière d’hygiène dans certains quartiers de Lomé sont légion. Cette situation devient plus inquiétante car elle compromet la santé des populations. Une équipe de Santé-E

L’insuffisance ou le non-respect d’assainissement et les mauvaises habitudes en matière d’hygiène dans certains quartiers de Lomé sont légion. Cette situation devient plus inquiétante car elle compromet la santé des populations. Une équipe de Santé-Education a fait un tour dans quelques quartiers de la ville et le constat est sans appel. Des dépotoirs sauvages, des caniveaux jonchés de sachets, de l’eau de la vaisselle à la devanture des maisons, de l’eau de puisard dans les rues, uriner sur les trottoirs.  Irresponsabilité, incivisme ou insouciance des citoyens ?

Au Togo, le code de la santé prévoit à la section 2 « Salubrité des agglomérations » dudit document des mesures sur la gestion des eaux usées et des déchets ménagers comme industriels. On peut lire à l’article 55, « Dans les villes où sera adopté le système séparatif, deux canalisations différentes pourront être imposées. Les eaux et matières seront évacuées dans un état tel qu'elles ne puissent occasionner aucune nuisance ».  Ainsi le traitement et l'évacuation séparée des eaux ménagères doivent être réalisés au moyen d'un puits d'infiltration, comme le stipule le code de la santé. Malheureusement, beaucoup de ménages sont dépourvus de ces systèmes d’évacuation et de traitement des eaux usées.  Des quartiers de la capitale togolaise souffrent du déversement quotidien d’eaux sales issues de la vaisselle et de la lessive devant les maisons. Cette scène devient un comportement ordinaire et normal des citoyens. 

« Nous vivons dans une cour commune de dix ménages. Nous jetons tout ce qui est eau usée dehors. Au début, pendant la saison pluvieuse, on profitait de la pluie pour vider nos toilettes. Nous avons interpellé maintes fois le propriétaire qui a fini par creuser un puisard  pour les eaux de toilettes. Mais en ce qui concerne les eaux usées, nous les déversons sur la voie publique », a confié Mme Célestine, revendeuse et mère de deux enfants, habitant le quartier Soviépé. Les déchets solides et liquides ont élu domicile dans cette zone.

Comme cette dame, ils sont nombreux locataires qui sont confrontés à ce même type de problème. Ces déversements créent des flaques d’eau. Ces flaques d’eau contiennent toutes sortes de détritus dont les grains de riz, les arêtes de poissons, les restes de repas, la mousse de savon. Ce qui est triste, c’est de voir les enfants jouer dans ces eaux stagnantes. En effet, les gamins s’amusent à sauter dans ces eaux et, souvent, ils en puisent pour les besoins de leurs jeux.


 « On n’a pas de WC et quand le peu qu’on a est plein c’est à nous de les vider dans les caniveaux, on n’a pas le choix. Il n’y a pas les moyens pour vider ces WC », a confié Abla résidant au quartier Dogbeavou. En effet, l’on peut constater que dans ce quartier une fois puisards pleins, leurs contenus coulent dans les ruelles rendant le passage impossible et polluant l’air. Un état de chose qui ne donne pas envie aux résidants des autres quartiers de se rendre à ces lieux. Cette situation est alarmante et désolante. L’incivisme étant à son paroxysme dans la société.

« Je suis toujours sidéré de voir mes voisins déverser des eaux usées à la devanture et qui empêchent des fois de circuler facilement. Même une matinée, une dame en voulant jeter ces eaux, sans savoir qu’une moto était en train de passer. C’est ainsi, le conducteur a reçu les eaux usées », a déploré Massa, jeune épouse de 28 ans, habitant le quartier Yokoè.

Lourdes conséquences sur la santé

Les eaux stagnantes qui sont autour des habitations constituent une source de reproduction des moustiques. Là où il y a les saletés et les eaux usées, ces derniers pondent les œufs et deviennent nombreux dans la ville. Ils sont vecteurs du paludisme. Dr Mikaila Kaboré, Médecin infectiologue au CHR de Ziniaré au Burkina Faso estime qu’il y a d’autres qui sont appelées maladies hydriques ou à transmission « féco-orales », favorisées par les mouches et les animaux domestiques. Ces derniers séjournent dans ces endroits insalubres pour plus tard se retrouver en contact sur l’eau de boisson et les aliments non couverts dans les concessions. Par ce canal, certaines maladies essentiellement diarrhéiques sont ainsi propagées au sein de ces communautés exposées. « Nous pouvons citer les maladies dysentériques, le choléra, les salmonelloses, et les enfants constituent les groupes les plus vulnérables. Par ailleurs que l’inhalation plus ou moins permanente des odeurs provenant de ces dispositifs d’assainissement inadaptés peut entraîner à long terme des inconforts digestifs », Dr Mikaila Kaboré, Médecin infectiologue.  L’insalubrité a des conséquences sur les revenus de la personne. Si aujourd’hui la personne est malade, elle ne peut pas travailler. Cela impacte les revenus de la maison. Économiquement, cela réduit la capacité de travailler.

Appel à une prise de conscience

La question de l’insalubrité interpelle tout un chacun car les avantages d’un quartier ou ville propre et salubre sont bénéfiques pour tous les habitants. Ainsi, faut-il que les populations optent pour de bonnes pratiques afin de garder leur milieu sain et propre. « Malgré le fait que je sois un vieux, chaque matin je nettoie les caniveaux autour de ma maison afin d’enlever les déchets solides qui bloquent le passage des déchets liquides », a affirmé Papa Tanko, enseignant à la retraite, rencontré dans le quartier Gbadago à Lomé.

 



Aussi les autorités doivent redoubler les sensibilisations à tous les niveaux, trouver des solutions efficaces et renforcer les méthodes déjà mises en place. Ceci afin de mettre fin à cette situation qui a tant perduré et continue de nuire à la santé des paisibles populations et au développement. « C’est à l’Etat de nous sortir de cette situation. Je pense que l’Etat doit faire appliquer les sanctions pour la propreté de l’environnement », a lancé Akakpo, mécanicien âgé de 34 ans, vivant dans le quartier Gbadago.

Pour protéger la population de ces conséquences, il faut davantage rapprocher les infrastructures des populations par l’installation des poubelles dans les rues, la construction des latrines, le curage régulier des caniveaux et la collecte régulière des ordures.  Au Togo, plusieurs communes ont lancé depuis un moment des campagnes de sensibilisation sur la propreté de l’environnement. On peut citer, l’initiative « Komeneko plo plo », qui signifie « rendre totalement propre le quartier » lancée par la Commune du Golfe 1, « Moi Jeu Tri » de la commune des Lacs 1 qui consiste à faire de l’enfant un acteur principal de solutions aux défis de la sauvegarde de l’environnement.

Kodzo, Commercial dans une société cosmétique, rencontré dans un restaurant s’exprime n ses termes : « il ne faut pas se limiter à la sensibilisation, mais aller au-delà de celle-ci. Il faut que chaque ménage soit responsable, s’occupe de son hygiène. Avoir des bacs à ordures, laver régulièrement les mains avec du savon sont des gestes simples qui vous mettent à l’abri ». Ainsi, il faut que les citoyens continuent de pratiquer le civisme, et aux autorités de commencer à pratiquer les sanctions tout en renforçant davantage les sensibilisations.

William O. & Raymond DZAKPATA 

Auteur
sa
Rédacteur
Abel OZIH

L’insuffisance ou le non-respect d’assainissement et les mauvaises habitudes en matière d’hygiène dans certains quartiers de Lomé sont légion. Cette situation devient plus inquiétante car elle compromet la santé des populations. Une équipe de Santé-E

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