Appui nutritionnel : quel impact sur la prise en charge de la tuberculose au Togo ?
- Posted on 25/07/2023 09:44
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- By abelozih@sante-education.tg
Extrait de l'article: Le Programme National de Lutte contre la Tuberculose du Togo en collaboration avec le Programme National de Lutte contre la Tuberculose au Bénin, l’Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires, la Communauté d'universités
Le Programme National de Lutte contre la Tuberculose du Togo en collaboration avec le Programme National de Lutte contre la Tuberculose au Bénin, l’Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires, la Communauté d'universités , d’établissements en Sorbonne, le Centre médical de Boston et l’École de médecine de l'Université de Boston aux Etats Unies ont conduit une étude intitulé « Appui nutritionnel aux patients tuberculeux : Impact sur l’état nutritionnel et les résultats de traitement antituberculeux (projet INSTITUT) ». Ceci afin d’établir des liens de causalités entre l’état nutritionnel et les résultats de traitement (la guérison, le décès et les échecs…) de la tuberculose maladie.
Cette étude est financée par l’Agence Française de Développement (AFD). Elle vise à évaluer l’impact de l’appui nutritionnel sur les résultats du traitement de la tuberculose et estimer l'impact de cet appui sur l'état nutritionnel des patients tuberculeux à la fin du traitement anti tuberculeux en Afrique de l’ouest. Cette étude sera réalisée sur un échantillon de 1 050 patients atteints de la forme contagieuse de la tuberculose et qui recevront des soins dans les centres de diagnostic et de traitement de la tuberculose des Programmes nationaux de lutte contre la tuberculose du Togo et du au Bénin. Le but de la démarche est « d’aider les programmes nationaux de lutte contre la tuberculose à catalyser le changement et à présenter des arguments forts en faveur d’un soutien nutritionnel solide pour toutes les personnes atteintes de tuberculose au Togo, en Afrique et dans le monde en fournissant des éléments factuels qui seront utilisés pour planifier l’appui nutritionnel aux autres patients tuberculeux et faire le plaidoyer afin de mobiliser le financement additionnel pour assurer l’appui nutritionnel dans le pays, » a déclaré Dr Mohammed Fall Dogo, Coordonnateur du Programme National de Lutte contre la tuberculose du Togo et Co-investigateur de cette étude lors de la cérémonie d’ouverture de l’atelier de formation des acteurs et points focaux de la lutte contre la tuberculose.
Cet atelier organisé en prélude au démarrage dudit projet au Togo s'est tenu à Lomé du 10 au 14 juillet 2023. Il a rassemblé une vingtaine de participants avec une équipe de facilitateurs composée de personnes ressources du PNLT Togo et Bénin, un représentant de l’Union de la France et des chercheurs de l’Université de Boston (USA) avec pour objectif de former les différents acteurs de mise en œuvre du projet INSTITUT au Togo notamment sur le protocole et les outils de l’étude.
Qu'est-ce que la dénutrition?
La dénutrition est le principal facteur de risque de tuberculose dans le monde, avec une fraction attribuable à la population estimée à 19% (contre 7,6% pour le VIH et 3,1% pour le diabète). Les déficits immunologiques associés à la dénutrition peuvent être réversibles grâce à la réhabilitation nutritionnelle. Cependant, la lutte contre la dénutrition est en retard par rapport aux efforts visant à identifier et traiter le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) et le diabète chez les Patients Tuberculeux (PT) et les populations à risque. La Covid-19, les catastrophes naturelles et les conflits ont exacerbé l'insécurité alimentaire dans le monde entier, de manière disproportionnée dans les pays à fardeau élevé de la TB. Les Nations unies estiment que 118 millions de personnes supplémentaires ont souffert de la faim en 2020. Le changement climatique aura également un impact plus important sur la nutrition, car les sécheresses, les inondations, les ouragans, les feux de forêt et autres catastrophes naturelles affectent à la fois l'agriculture et les systèmes de distribution alimentaire. En outre, les conflits en cours, accompagnés d'une augmentation des migrations forcées internes et externes et de la rupture de la production alimentaire, menacent la sécurité alimentaire des populations vulnérables.
La
dénutrition (y compris les carences en macronutriments et en micronutriments)
résultant d'une sous-alimentation et la dénutrition liée à la maladie sont largement
répandues chez les personnes vivant avec le VIH (PVVIH), et met souvent leur
vie en danger. Un mauvais état nutritionnel est associé à une gravité accrue de
la tuberculose maladie, comme en témoignent les charges bacillaires plus
élevées dans les expectorations, avec une plus grande atteinte pulmonaire et un
plus grand risque de cavitation. La pharmacodynamie des médicaments
antituberculeux peut également être affectée chez les personnes
sous-alimentées, car l'absorption de certains médicaments peut être réduite et
la toxicité d'autres augmentée. Pour ces raisons, l'état nutritionnel au début
du traitement antituberculeux est un facteur prédictif important de la
mortalité.
En
effet, une vaste étude menée en Inde a montré que le gain d’une unité de
l'indice de masse corporelle (IMC) initial était associée à une réduction de 22
% (IC 95 % 10-32) de la mortalité. De plus, l'incapacité à prendre du poids
pendant la phase intensive du traitement est un marqueur de l’échec du
traitement, de rechute et de mortalité. Bien que la relation entre la
dénutrition et la tuberculose soit bidirectionnelle, l'association entre la
dénutrition et les mauvais résultats reste robuste même après ajustement des
facteurs de confusion.
Source :
PNLT