Lombalgie : attention au risque de paralysie
- Posted on 20/06/2023 18:47
- Film
- By abelozih@sante-education.tg
Extrait de l'article: Des milliers de Togolais souffrent d’un mal de dos. Légère ou intense, persistante ou passagère, violente, lancinante, insoutenable ; les douleurs dorsales, souvent négligées, peuvent pourtant amener une personne à finir sur une chaise roulante.
Des
milliers de Togolais souffrent d’un mal de dos. Légère ou intense, persistante
ou passagère, violente, lancinante, insoutenable ; les douleurs dorsales, souvent
négligées, peuvent pourtant amener une personne à finir sur une chaise
roulante.
Un beau
matin, il y a quelques mois, alors qu’il sort tranquillement de sa douche, Richard,
34 ans, Comptable, dans une société de maintenance informatique a ressenti une
sorte de vertige et une intense douleur en bas du dos et il se retrouve allongé
sur le sol. Il ne peut ni bouger ni se relever. Il a ressenti une douleur
intense au dos. Il a fallu que des gens viennent le relever et l’emmènent
immédiatement à l’hôpital. Il a passé plusieurs jours sans pouvoir
marcher normalement. Il ne pouvait pas s’incliner ni rester debout pendant
quelques minutes. Après avoir pris des antidouleurs et l’application d’une
pommade que le médecin lui a prescrite, il a retrouvé son état normal. « J’ai
cru un moment que j’allais être paralysé ou finir sur une chaise roulante. Je
ne pouvais même pas marcher. J’étais loin d’imaginer que je pouvais souffrir de
ce malaise qui a failli transformer le rêve de ma vie en cauchemar », témoigne-t-il.
Cinq mois après, il revit la même situation. Sauf que la scène se produit
en pleine rue, en ville, alors qu’il faisait simplement des courses. Il confie
que les douleurs sont plus intenses qu’auparavant : « J’ai vraiment
paniqué et j’avais peur de devenir handicapé. » Il a consulté
finalement un médecin spécialiste en médecine physique et réadaptation qui lui
prescrit des séances de kinésithérapie. Il a retrouvé rapidement son état
normal.
Francine, 47
ans, Commerçante à Assigamé, grand marché de Lomé, rencontrée dans un centre de
kinésithérapie à Lomé souffre de la lombalgie, depuis 4 ans. Elle a commencé à
souffrir d’autres malaises au niveau du cœur. « Je ne pouvais pas m’incliner,
ni ramasser quelque chose par terre, j’avais très mal au dos. Quand je
m’asseyais longtemps, la douleur devenait insupportable. » Elle ne
pouvait plus bouger ou dormir dans n’importe quelle position. Elle a dû s’absenter
plusieurs semaines du marché. Le médecin lui a ordonné d’acheter une ceinture
lombaire qu’elle devait mettre quand elle faisait des travaux. Mais après six
mois, les douleurs se sont accentuées. C’est ainsi que le médecin lui a
prescrit des séances de kinésithérapie. Elle va mieux grâce aux différents
exercices pour tonifier les muscles du dos.
Tous
concernés
Jeunes ou
âgés, toutes les catégories d’âge et socio-professionnelles sont concernées. En Afrique,
la lombalgie constitue le premier motif de consultation rhumatologique. « La lombalgie
est un problème de santé publique, mais aussi de santé au travail avec un
impact direct sur les activités professionnelles. Un grand nombre des arrêts de
travail sont liés aux douleurs lombaires », alerte Innocent Lakna, Kinésithérapeute,
Directeur du Centre National d’Appareillage Orthopédique (CNAO-Lomé).
Une
pathologie à ne pas négliger !
Le Centre National d’Appareillage Orthopédique (CNAO-Lomé) a déjà accueilli plus de 260 cas de lombalgie au premier trimestre 2023. Le kinésithérapeute Innocent Lakna, Directeur du CNAO-Lomé, explique que la lombalgie est une douleur ressentie au bas du dos entre la 12ème côte et le pli fessier inférieur.

Il existe
trois formes et la forme la plus fréquente est la lombalgie commune, douleurs du
bas du dos sans cause spécifique, qui représente 95% des cas de lombalgies. «
Il y a aussi des douleurs de dos causées par un traumatisme violent, des
fractures, des accidents ou d’autres maladies, comme le cancer ; c’est ce que
l’on appelle la lombalgie spécifique », souligne Innocent Lakna.
Ce
spécialiste de la thérapie manuelle orthopédique indique que suivant la durée
des douleurs, la lombalgie se distingue en trois catégories : la lombalgie
aiguë, des douleurs qui durent moins de six semaines, la lombalgie subaiguë
(entre 6 à 12 semaines) et la lombalgie chronique (plus de trois mois). Quand
le nerf sciatique est touché, les douleurs peuvent descendre jusqu’aux jambes
c’est ce qu’on appelle la lombalgie irradiante ou lomboradiculalgie.
Innocent
Lakna évoque des facteurs de risque de la lombalgie : « rester assis ou
debout longtemps, le surpoids, surtout une forte corpulence au niveau du
ventre, de lourdes tâches, absence d’activités physiques, des os qui s’usent. Le
mal de dos est fréquent chez la population active, âgée de 30 à 59 ans, qui
travaille, plus exposée aux différentes tâches physiques ou au stress. »
Des
conséquences fâcheuses
Le directeur
du CNAO-Lomé souligne que la lombalgie, surtout chez les hommes, a un grand
impact sur les rapports sexuels. Une personne qui présente la lombalgie peut
perdre la capacité de faire certaines tâches qui demandent surtout de
s’incliner ou n’est plus capable de se tenir dans certaines positions.
Si elle
n’est pas traitée ou bien traitée, la lombalgie peut être handicapante lorsque
l’usure des vertèbres du bas du dos touche les nerfs. Le patient pourra finir
en chaise roulante.
Consulter un
spécialiste
A cause de la douleur, beaucoup de
personnes préfèrent rester immobiles pour ne pas aggraver son cas. Or « l’immobilisation
fragilise le dos et représente un facteur important de perte de confiance. Elle
risque de renforcer la peur de bouger et, au final, d’augmenter les risques de
récidives. Au contraire, pour guérir vite, le lombalgique doit reprendre une
activité physique adaptée dès que la douleur cesse d’être gênante sur avis et
contrôle du thérapeute », souligne Innocent Lakna. De manière générale,
face à des douleurs lombaires qui persistent, on doit impérativement s’en
remettre à un avis médical afin d’identifier précisément le problème. Il y a un
grand risque lorsqu’il ne s’agit pas d’une lombalgie commune et qu’on fait l’auto-traitement
ou les massages ; l’on aggrave la situation.
Conseils pratiques
Le spécialiste conseille de s’habituer à des pratiques « banales » mais très importantes pour prévenir cette maladie : « Eviter de rester assis pendant longtemps. Une fois assis, bien se positionner dans la chaise, éviter de se courber. Si l’on est devant un ordinateur, il faut garder une distance d’au moins 50 cm. Le regard doit être droit, à la hauteur de la partie supérieure de l’écran pour éviter d’incliner la tête. »

Pour des
personnes qui portent des sacs à dos, il faut le porter correctement sur les
deux épaules pour l’équilibre. Eviter de porter souvent des chaussures à
haut talons. Pratiquer du sport, trois fois par semaine, pendant au moins 30
minutes. Faire des pauses entre les heures de travail, marcher un peu s’assoir
pour se laver, porter son slip, son pantalon, ses chaussures fermées, avoir le
contenant à la hauteur de sa taille pour la lessive. Pour ramasser ou soulever
un objet par terre s’accroupir d’abord. Se coucher sur un matelas à plan dure.
Lorsque la douleur
est constante, progressive et présente la nuit et non soulager par la position
couchée sur le dos, s’il y a une perte de poids inexpliquée, fièvre, frisson et
une incontinence urinaire il s’agit probablement d’une lombalgie spécifique. Il
faut voir rapidement et obligatoirement un médecin pour identifier la maladie
sous-jacente afin d’une prise en charge adéquate.
Abel OZIH