Lombalgie : attention au risque de paralysie

Lombalgie : attention au risque de paralysie
Extrait de l'article: Des milliers de Togolais souffrent d’un mal de dos. Légère ou intense, persistante ou passagère, violente, lancinante, insoutenable ; les douleurs dorsales, souvent négligées, peuvent pourtant amener une personne à finir sur une chaise roulante.

Des milliers de Togolais souffrent d’un mal de dos. Légère ou intense, persistante ou passagère, violente, lancinante, insoutenable ; les douleurs dorsales, souvent négligées, peuvent pourtant amener une personne à finir sur une chaise roulante.

Un beau matin, il y a quelques mois, alors qu’il sort tranquillement de sa douche, Richard, 34 ans, Comptable, dans une société de maintenance informatique a ressenti une sorte de vertige et une intense douleur en bas du dos et il se retrouve allongé sur le sol. Il ne peut ni bouger ni se relever. Il a ressenti une douleur intense au dos. Il a fallu que des gens viennent le relever et l’emmènent immédiatement à l’hôpital.  Il a passé plusieurs jours sans pouvoir marcher normalement. Il ne pouvait pas s’incliner ni rester debout pendant quelques minutes. Après avoir pris des antidouleurs et l’application d’une pommade que le médecin lui a prescrite, il a retrouvé son état normal. « J’ai cru un moment que j’allais être paralysé ou finir sur une chaise roulante. Je ne pouvais même pas marcher. J’étais loin d’imaginer que je pouvais souffrir de ce malaise qui a failli transformer le rêve de ma vie en cauchemar », témoigne-t-il. Cinq mois après, il revit la même situation. Sauf que la scène se produit en pleine rue, en ville, alors qu’il faisait simplement des courses. Il confie que les douleurs sont plus intenses qu’auparavant : « J’ai vraiment paniqué et j’avais peur de devenir handicapé. » Il a consulté finalement un médecin spécialiste en médecine physique et réadaptation qui lui prescrit des séances de kinésithérapie. Il a retrouvé rapidement son état normal.

Francine, 47 ans, Commerçante à Assigamé, grand marché de Lomé, rencontrée dans un centre de kinésithérapie à Lomé souffre de la lombalgie, depuis 4 ans. Elle a commencé à souffrir d’autres malaises au niveau du cœur. « Je ne pouvais pas m’incliner, ni ramasser quelque chose par terre, j’avais très mal au dos. Quand je m’asseyais longtemps, la douleur devenait insupportable. » Elle ne pouvait plus bouger ou dormir dans n’importe quelle position. Elle a dû s’absenter plusieurs semaines du marché. Le médecin lui a ordonné d’acheter une ceinture lombaire qu’elle devait mettre quand elle faisait des travaux. Mais après six mois, les douleurs se sont accentuées. C’est ainsi que le médecin lui a prescrit des séances de kinésithérapie. Elle va mieux grâce aux différents exercices pour tonifier les muscles du dos.

Tous concernés

Jeunes ou âgés, toutes les catégories d’âge et socio-professionnelles sont concernées. En Afrique, la lombalgie constitue le premier motif de consultation rhumatologique. « La lombalgie est un problème de santé publique, mais aussi de santé au travail avec un impact direct sur les activités professionnelles. Un grand nombre des arrêts de travail sont liés aux douleurs lombaires », alerte Innocent Lakna, Kinésithérapeute, Directeur du Centre National d’Appareillage Orthopédique (CNAO-Lomé).

Une pathologie à ne pas négliger !

Le Centre National d’Appareillage Orthopédique (CNAO-Lomé) a déjà accueilli plus de 260 cas de lombalgie au premier trimestre 2023. Le kinésithérapeute Innocent Lakna, Directeur du CNAO-Lomé, explique que la lombalgie est une douleur ressentie au bas du dos entre la 12ème côte et le pli fessier inférieur.


Il existe trois formes et la forme la plus fréquente est la lombalgie commune, douleurs du bas du dos sans cause spécifique, qui représente 95% des cas de lombalgies. « Il y a aussi des douleurs de dos causées par un traumatisme violent, des fractures, des accidents ou d’autres maladies, comme le cancer ; c’est ce que l’on appelle la lombalgie spécifique », souligne Innocent Lakna.

Ce spécialiste de la thérapie manuelle orthopédique indique que suivant la durée des douleurs, la lombalgie se distingue en trois catégories : la lombalgie aiguë, des douleurs qui durent moins de six semaines, la lombalgie subaiguë (entre 6 à 12 semaines) et la lombalgie chronique (plus de trois mois). Quand le nerf sciatique est touché, les douleurs peuvent descendre jusqu’aux jambes c’est ce qu’on appelle la lombalgie irradiante ou lomboradiculalgie.

Innocent Lakna évoque des facteurs de risque de la lombalgie : « rester assis ou debout longtemps, le surpoids, surtout une forte corpulence au niveau du ventre, de lourdes tâches, absence d’activités physiques, des os qui s’usent. Le mal de dos est fréquent chez la population active, âgée de 30 à 59 ans, qui travaille, plus exposée aux différentes tâches physiques ou au stress. »

Des conséquences fâcheuses

Le directeur du CNAO-Lomé souligne que la lombalgie, surtout chez les hommes, a un grand impact sur les rapports sexuels. Une personne qui présente la lombalgie peut perdre la capacité de faire certaines tâches qui demandent surtout de s’incliner ou n’est plus capable de se tenir dans certaines positions.

Si elle n’est pas traitée ou bien traitée, la lombalgie peut être handicapante lorsque l’usure des vertèbres du bas du dos touche les nerfs. Le patient pourra finir en chaise roulante.

Consulter un spécialiste

A cause de la douleur, beaucoup de personnes préfèrent rester immobiles pour ne pas aggraver son cas. Or « l’immobilisation fragilise le dos et représente un facteur important de perte de confiance. Elle risque de renforcer la peur de bouger et, au final, d’augmenter les risques de récidives. Au contraire, pour guérir vite, le lombalgique doit reprendre une activité physique adaptée dès que la douleur cesse d’être gênante sur avis et contrôle du thérapeute », souligne Innocent Lakna. De manière générale, face à des douleurs lombaires qui persistent, on doit impérativement s’en remettre à un avis médical afin d’identifier précisément le problème. Il y a un grand risque lorsqu’il ne s’agit pas d’une lombalgie commune et qu’on fait l’auto-traitement ou les massages ; l’on aggrave la situation.

Conseils pratiques

Le spécialiste conseille de s’habituer à des pratiques « banales » mais très importantes pour prévenir cette maladie : « Eviter de rester assis pendant longtemps. Une fois assis, bien se positionner dans la chaise, éviter de se courber. Si l’on est devant un ordinateur, il faut garder une distance d’au moins 50 cm. Le regard doit être droit, à la hauteur de la partie supérieure de l’écran pour éviter d’incliner la tête. »


Pour des personnes qui portent des sacs à dos, il faut le porter correctement sur les deux épaules pour l’équilibre. Eviter de porter souvent des chaussures à haut talons. Pratiquer du sport, trois fois par semaine, pendant au moins 30 minutes. Faire des pauses entre les heures de travail, marcher un peu s’assoir pour se laver, porter son slip, son pantalon, ses chaussures fermées, avoir le contenant à la hauteur de sa taille pour la lessive. Pour ramasser ou soulever un objet par terre s’accroupir d’abord. Se coucher sur un matelas à plan dure.

Lorsque la douleur est constante, progressive et présente la nuit et non soulager par la position couchée sur le dos, s’il y a une perte de poids inexpliquée, fièvre, frisson et une incontinence urinaire il s’agit probablement d’une lombalgie spécifique. Il faut voir rapidement et obligatoirement un médecin pour identifier la maladie sous-jacente afin d’une prise en charge adéquate.

Abel OZIH

Auteur
santé éducation
Rédacteur
Abel OZIH

Des milliers de Togolais souffrent d’un mal de dos. Légère ou intense, persistante ou passagère, violente, lancinante, insoutenable ; les douleurs dorsales, souvent négligées, peuvent pourtant amener une personne à finir sur une chaise roulante.

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