Maladies cardiovasculaires : l’Afrique en grand danger
- Posted on 22/08/2022 09:25
- Film
- By raymonddzakpata@sante-education.tg
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Les maladies cardiovasculaires (MCV) regroupent un ensemble d’affections du cœur et des vaisseaux sanguins, notamment les maladies coronariennes, les maladies cérébrovasculaires, et les cardiopathies congénitales et rhumatismales. En Afrique, ces maladies cardiovasculaires font actuellement plus de décès que le sida ou le paludisme. La situation est telle que les systèmes de santé semblent être dépassés. D’après une publication de l’OMS Afrique, en plus des maladies non transmissibles telles que le cancer, le diabète et les maladies cardiovasculaires sont la principale cause de mortalité en Afrique subsaharienne, avec 37 % de la mortalité en 2019, contre 24 % en 2000. Pourquoi cette charge croissante de ces maladies et que faire pour renverser la tendance ?
Il y a chaque
minute 60 cas d’AVC dans le monde dont les trois quarts surviennent,
essentiellement en Afrique selon l’OMS. Le continent compte un million de morts
par an. D’ici 2030, ils seront plus de
42 millions en Afrique à souffrir du diabète. En Afrique Sub-saharienne, en
plus de l’explosion du nombre de patients, le diabète est responsable de près de 9% des décès, avec de
nombreuses complications invalidantes : maladies cardio-vasculaires, insuffisances
rénales, coma diabétique. La maladie est la première cause de cécité et compte
pour plus de 50% des amputations non traumatiques.
L’hypertension concerne 60% des patients
diabétiques, la neuropathie 40% et la néphropathie 15% des malades. En Afrique
de l’Ouest, le surpoids et l’obésité concernent plus de 21% des plus de 20 ans
et un cinquième des plus de 15 ans de la sous-région serait sédentaire.
Au Togo, de
récentes études dans la population révèlent que 30% des adultes souffrent
d’hypertension artérielle, 7,3% de diabète et 15% d’obésité. Les MCV sont
responsables d’une hospitalisation croissante dans les hôpitaux. Des chiffres
qui dénotent nettement clairement que des milliers de gens disparaissent dans
la fleur de l’âge, entre 40 et 50 ans. Et cela ne semble pas devoir s’arrêter.
Une épidémie
qui freine le développement
Le coût
financier des soins associés à la prise en charge du diabète pour les individus
et les Etats, cumulé à la forte mortalité du diabète en Afrique, est un frein
évident à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). D’autant
que le lien entre maladie chronique et croissance économique est désormais
démontré. Certaines études s’accordent même pour dire que pour une augmentation
de la prévalence des maladies chroniques de 10%, le taux de croissance annuelle
baisse lui de 0,5%. Si l’Afrique n’arrive pas à relever le défi des MCV le
développement socio-économique tant évoqué dans les discours des politiques
demeurera une eutopie.
Car, connues
comme des maladies de la vieillesse, les MCV font depuis plusieurs années plus
de victimes dans la tranche d’âge des forces vives et productives. Les données
hospitalières démontrent des patients dont l’âge se situe entre 15 et 50 ans.
Déjà dans les années 2000, l’OMS donnait l’alerte en notant que le nombre de
décès chez les adultes jeunes (15-45 ans) est relativement élevé dans les pays
en voie de développement : plus de 30% contre 20% dans les pays riches.
Dans la même
période, entre 1998 et 2007 une étude clinique sur les arguments cliniques et
tomodensitométriques est menée au service de neurologie au CHU Campus de Lomé
par une équipe de médecins dont Pr.
Balogou Agnon Ayélola Koffi. Il ressortait que sur 3976 patients hospitalisés,
1309 présentaient un AVC (32,9%) parmi lesquels on notait des patients âgés de
15 à 45 ans. L’étude a conclu que l’hypertension artérielle (HTA) représente le
principal facteur de risque des AVC chez les sujets jeunes. Il a été recommandé
que le dépistage et sa prise en charge devraient être précoces.
La réalité
est frappante de nos jours, les maladies non transmissibles dont les MCV
n’attendant plus le 3e âge. « La charge croissante due
aux maladies non transmissibles constitue une menace grave pour la santé et la
vie de millions de personnes en Afrique, car plus d’un tiers des décès survenus
dans la Région sont dus à ces maladies. Ce qui est particulièrement
préoccupant, c’est que le nombre de décès prématurés imputables à des maladies
non transmissibles augmente chez les personnes âgées de moins de 70 ans », a
indiqué la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
Pourquoi la
charge croissante des maladies cardiovasculaires ?
L’OMS
reconnait que la principale cause de cette situation alarmiste des maladies
cardiovasculaires est due aux « faiblesses relevées au niveau des systèmes de
santé, dans la mise en œuvre des mesures essentielles de lutte, notamment la
prévention, le diagnostic et les soins ».
En effet, la
lutte contre les maladies non transmissibles dont les MCV est à peine
perceptible dans les pays africains. Les programmes de lutte créés dans les
pays manquent de tout pour organiser cette lutte. L’essor des médias en Afrique
ne sert pas vraiment à la promotion de la santé. Non pas que les médias ne
veulent pas, mais le problème se situe au niveau de comment l’OMS et ses Etats
membres embarquent les médias dans la lutte et la promotion de la santé. En
somme, l’ignorance tue encore en Afrique.
Lundi 22 août
2022, s’ouvre à Lomé la 72è session du Comité régional de l’OMS pour
l’Afrique. Plusieurs sujets sont à l’ordre du jour dont les maladies
transmissibles, les maladies tropicales négligées, les maladies non
transmissibles, la couverture sanitaire universelle. D’après plusieurs
observateurs, des recommandations seront encore réchauffées à cette rencontre
de Lomé mais leur mise en œuvre ne sera pas éloquente dans la plupart des pays.
Ceci parce que la promotion de la santé n’est pas encore la priorité des
priorités des politiques et des systèmes de santé.
La
prévention, arme redoutable
La prévention
commence par la connaissance du risque. Près de 80% des maladies du cœur et des
AVC précoces peuvent être évités grâce à des comportements sains : Promouvoir
l’information et l’éducation des citoyens, garder une alimentation équilibrée,
ne pas fumer et éviter le tabagisme passif, faciliter une activité physique
quotidienne et limiter les comportements sédentaires. Il est impératif
d’investir dans la prévention et le dépistage massif de la population avec des
moyens de diagnostic appropriés : des scanners, des IRM.
Gamé KOKO