Maladies cardiovasculaires : l’Afrique en grand danger

Maladies cardiovasculaires : l’Afrique en grand danger
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Les maladies cardiovasculaires (MCV) regroupent un ensemble d’affections du cœur et des vaisseaux sanguins, notamment les maladies coronariennes, les maladies cérébrovasculaires, et les cardiopathies congénitales et rhumatismales. En Afrique, ces maladies cardiovasculaires font actuellement plus de décès que le sida ou le paludisme. La situation est telle que les systèmes de santé semblent être dépassés. D’après une publication de l’OMS Afrique, en plus des maladies non transmissibles telles que le cancer, le diabète et les maladies cardiovasculaires sont la principale cause de mortalité en Afrique subsaharienne, avec 37 % de la mortalité en 2019, contre 24 % en 2000. Pourquoi cette charge croissante de ces maladies et que faire pour renverser la tendance ?

Il y a chaque minute 60 cas d’AVC dans le monde dont les trois quarts surviennent, essentiellement en Afrique selon l’OMS. Le continent compte un million de morts par an.  D’ici 2030, ils seront plus de 42 millions en Afrique à souffrir du diabète. En Afrique Sub-saharienne, en plus de l’explosion du nombre de patients, le diabète est   responsable de près de 9% des décès, avec de nombreuses complications invalidantes : maladies cardio-vasculaires, insuffisances rénales, coma diabétique. La maladie est la première cause de cécité et compte pour plus de 50% des amputations non traumatiques.

 L’hypertension concerne 60% des patients diabétiques, la neuropathie 40% et la néphropathie 15% des malades. En Afrique de l’Ouest, le surpoids et l’obésité concernent plus de 21% des plus de 20 ans et un cinquième des plus de 15 ans de la sous-région serait sédentaire.

Au Togo, de récentes études dans la population révèlent que 30% des adultes souffrent d’hypertension artérielle, 7,3% de diabète et 15% d’obésité. Les MCV sont responsables d’une hospitalisation croissante dans les hôpitaux. Des chiffres qui dénotent nettement clairement que des milliers de gens disparaissent dans la fleur de l’âge, entre 40 et 50 ans. Et cela ne semble pas devoir s’arrêter.

Une épidémie qui freine le développement

Le coût financier des soins associés à la prise en charge du diabète pour les individus et les Etats, cumulé à la forte mortalité du diabète en Afrique, est un frein évident à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). D’autant que le lien entre maladie chronique et croissance économique est désormais démontré. Certaines études s’accordent même pour dire que pour une augmentation de la prévalence des maladies chroniques de 10%, le taux de croissance annuelle baisse lui de 0,5%. Si l’Afrique n’arrive pas à relever le défi des MCV le développement socio-économique tant évoqué dans les discours des politiques demeurera une eutopie.

Car, connues comme des maladies de la vieillesse, les MCV font depuis plusieurs années plus de victimes dans la tranche d’âge des forces vives et productives. Les données hospitalières démontrent des patients dont l’âge se situe entre 15 et 50 ans. Déjà dans les années 2000, l’OMS donnait l’alerte en notant que le nombre de décès chez les adultes jeunes (15-45 ans) est relativement élevé dans les pays en voie de développement : plus de 30% contre 20% dans les pays riches.

Dans la même période, entre 1998 et 2007 une étude clinique sur les arguments cliniques et tomodensitométriques est menée au service de neurologie au CHU Campus de Lomé par une équipe de médecins dont Pr.  Balogou Agnon Ayélola Koffi. Il ressortait que sur 3976 patients hospitalisés, 1309 présentaient un AVC (32,9%) parmi lesquels on notait des patients âgés de 15 à 45 ans. L’étude a conclu que l’hypertension artérielle (HTA) représente le principal facteur de risque des AVC chez les sujets jeunes. Il a été recommandé que le dépistage et sa prise en charge devraient être précoces.

La réalité est frappante de nos jours, les maladies non transmissibles dont les MCV n’attendant plus le 3e âge. « La charge croissante due aux maladies non transmissibles constitue une menace grave pour la santé et la vie de millions de personnes en Afrique, car plus d’un tiers des décès survenus dans la Région sont dus à ces maladies. Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est que le nombre de décès prématurés imputables à des maladies non transmissibles augmente chez les personnes âgées de moins de 70 ans », a indiqué la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

Pourquoi la charge croissante des maladies cardiovasculaires ?

L’OMS reconnait que la principale cause de cette situation alarmiste des maladies cardiovasculaires est due aux « faiblesses relevées au niveau des systèmes de santé, dans la mise en œuvre des mesures essentielles de lutte, notamment la prévention, le diagnostic et les soins ».

En effet, la lutte contre les maladies non transmissibles dont les MCV est à peine perceptible dans les pays africains. Les programmes de lutte créés dans les pays manquent de tout pour organiser cette lutte. L’essor des médias en Afrique ne sert pas vraiment à la promotion de la santé. Non pas que les médias ne veulent pas, mais le problème se situe au niveau de comment l’OMS et ses Etats membres embarquent les médias dans la lutte et la promotion de la santé. En somme, l’ignorance tue encore en Afrique.

Lundi 22 août 2022, s’ouvre à Lomé la 72è session du Comité régional de l’OMS pour l’Afrique. Plusieurs sujets sont à l’ordre du jour dont les maladies transmissibles, les maladies tropicales négligées, les maladies non transmissibles, la couverture sanitaire universelle. D’après plusieurs observateurs, des recommandations seront encore réchauffées à cette rencontre de Lomé mais leur mise en œuvre ne sera pas éloquente dans la plupart des pays. Ceci parce que la promotion de la santé n’est pas encore la priorité des priorités des politiques et des systèmes de santé.

La prévention, arme redoutable

La prévention commence par la connaissance du risque. Près de 80% des maladies du cœur et des AVC précoces peuvent être évités grâce à des comportements sains : Promouvoir l’information et l’éducation des citoyens, garder une alimentation équilibrée, ne pas fumer et éviter le tabagisme passif, faciliter une activité physique quotidienne et limiter les comportements sédentaires. Il est impératif d’investir dans la prévention et le dépistage massif de la population avec des moyens de diagnostic appropriés : des scanners, des IRM.

Gamé KOKO

Auteur
santé éducation
Rédacteur
Raymond DZAKPATA

Les maladies cardiovasculaires (MCV) regroupent un ensemble d’affections du cœur et des vaisseaux sanguins, notamment les maladies coronariennes, les maladies cérébrovasculaires, et les cardiopathies congénitales et rhumatismales. En Afrique, ces...

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