Prévention du cancer de la prostate/Interview du Pr Kodjo Michel Tengue, Chef service d'urologie CHU Sylvanus Olympio de Lomé

Prévention du cancer de la prostate/Interview du Pr Kodjo Michel Tengue, Chef service d'urologie CHU Sylvanus Olympio de Lomé
Extrait de l'article: Le cancer de la prostate est une affection fréquente au Togo avec une incidence en augmentation. Il se manifeste essentiellement par des troubles urinaires associés à des douleurs osseuses. La présence de nombreuses formes...

« Chaque année, nous enregistrons environ 300 nouveaux cas de cancer de la prostate. Il est nécessaire de dépister tôt pour une prise en charge efficace »

Chaque année, le mois de novembre, à, travers la campagne Novembre Bleu, se profile comme un moment d’engagement significatif en faveur de la sensibilisation et de la prévention des cancers masculins (cancers de la prostate, testicule, pénis) et à la santé masculine. À l’occasion de Novembre Bleu, Santé-Éducations fait un point sur le cancer de la prostate, qui représente le 1er cancer chez les hommes en termes de fréquence. Survenant après 50 ans, le cancer de la prostate peut évoluer sans symptômes. Le dépistage et la consultation précoce (dès les premiers symptômes) constituent les meilleurs moyens permettant d’améliorer la survie devant le cancer de la prostate. C’est ce que martèle Professeur Kodjo Michel Tengue, Chef service d'urologie CHU Sylvanus Olympio de Lomé dans cet entretien.

Santé-Education : Qu’est-ce que la prostate ?

Pr Kodjo Michel Tengue : La prostate, c'est un organe, ce n'est pas une maladie en soi. C'est une glande qui se trouve au niveau du petit bassin, juste sous la vessie. C'est un organe qui entoure la portion initiale de l'urètre. Son rôle est de secréter un liquide qui rentre dans la composition du sperme. Lorsque le sperme est émis, il est d'abord épais et après ça, il se liquéfie. Donc c’est lorsque le sperme est liquéfié, que les spermatozoïdes peuvent être libérés et aller féconder l'ovule. C'est le rôle de la prostate de sécréter ce liquide qui va aider les spermatozoïdes à aller féconder l'ovule.

Cet organe peut avoir des maladies et ces maladies sont liées le plus souvent à l'âge. Donc, lorsqu'on grandit, la prostate commence aussi par grossir. Et c’est ce qu'on appelle l'hypertrophie de la prostate. L'hypertrophie de la prostate peut être bénigne face à la tumeur bénigne et peut être maligne, ce qu’on appelle habituellement le cancer de la prostate.

Qu’est-ce que le cancer de la prostate ?

L’hypertrophie bénigne, c'est une affection. Il y a des signes qu'on guérit facilement. Mais le plus redoutable des affections, c'est surtout le cancer de la prostate. C'est une affection qui peut être guérie. Dans l'entendement de la plupart des personnes lorsqu'on entend le cancer de la prostate, on pense à la fatalité. C'est un cancer, c'est une maladie qu'on peut guérir ; et dans quelles circonstances on peut guérir cette maladie ? C'est en consultant tôt ou encore en faisant des dépistages.

Quels sont les signes qui peuvent amener à consulter ?

Lorsqu’on ressent des difficultés pour uriner, on pousse pour uriner. Lorsqu'on urine, les urines ne sortent pas facilement ou encore lorsque le jet mictionnel a baissé. En plus de cela, lorsqu’on sent l'envie d'uriner et il faut se presser pour aller uriner ; des fois, on se mouille même avant d'arriver aux toilettes. Plus encore la nuit, on surveille plusieurs fois plus de deux fois pour aller uriner. C'est le signe qui alarme et il faudrait aller consulter. Le plus redoutable est qu’il y a du sang qui sort avec les urines. Ce sont des signes qui alarment et qu'il faudrait aller consulter à l'hôpital. Lorsqu'on consulte à l'hôpital, nous avons le médecin qui va nous examiner. Il va faire un examen qu'on appelle le toucher rectal. Le toucher rectal, c'est introduire le doigt au niveau de l'anus. C'est un examen qui n'est pas douloureux lorsqu'on met un lubrifiant, on introduit le doigt, bien sûr, en portant un gant. Il faut être détendu. C'est un examen qui n'est pas douloureux. C'est vrai que c'est gênant, mais ce n'est pas douloureux. En dehors de ça, le médecin vous demandera des bilans. Une analyse de sang qu'on appelle le PSA. Le PSA c'est ce qui permet de voir si c’est une tumeur bénigne ou une tumeur cancéreuse. Même si on découvre que c'est un cancer, ça peut se guérir. L'essentiel est qu’on découvre ça le plus tôt possible.

 

Quels sont les moyens de traitement ?

Nous avons la chirurgie. La chirurgie, c'est la prostatectomie totale. On enlève toute la prostate et le patient maintenant peut être débarrassé de la maladie prostatique, ce cancer. En dehors de ça nous avons la radiothérapie ; le patient est allongé sur une table comme dans un appareil de scanner et on envoie des irradiations sur la prostate pour détruire en plusieurs séances la maladie prostatique.

Tous ces moyens de traitement ont des complications. Ça ne signifie pas que forcément ça va survenir, ça peut survenir. Comme certaines difficultés à retenir les urines ; dès qu’on sent l'envie d'uriner l'urine peut commencer par sentir. On peut avoir des difficultés pour avoir des érections. Mais tout ceci se corrige. D’où la nécessité de consulter ou encore de faire des dépistages pour pouvoir découvrir sa maladie très tôt et éviter l'évolution vers les formes avancées.

Qu'est ce qui provoque alors ces maladies ?

Jusqu’à présent des facteurs qui ont été évoqués ne sont pas vraiment satisfaisants. Beaucoup disent que ça, c'est ça qui donne la maladie. Les facteurs sont les rapports sexuels. Les gens ont évoqué qu’en faisant des rapports sexuels, on a la maladie de la prostate. Tout est archifaux. Vous pouvez faire les rapports sexuels tous les jours ou vous n'avez jamais fait de rapport sexuel, Il y a le risque toujours de développer cette maladie prostatique. L’alimentation, la boisson, c'est non. Ce sont des facteurs qui n'ont pas de relation avec le développement de la maladie prostatique. Lorsque ce qui est vraiment reconnu, c'est l'âge, avec l'âge, la maladie se développe. La testostérone, c'est une hormone que nous avons et qui fait développer la maladie. D’où la nécessité de faire le dépistage ou encore de consulter tôt.

A partir de quel âge y a-t-il le risque de développer la maladie ?

A partir de 45 ans. C'est vrai que chez certaines formes, ça peut commencer plus tôt, mais à partir de 45 ans, c'est raisonnable de commencer par dépister et faire des bilans annuels pour le dépistage du cancer de la prostate.

Quelle est la situation du cancer de la prostate au Togo ?

Nous avons fait une étude au CHU Sylvanus Olympio de Lomé. Chaque année, nous enregistrons environ 300 nouveaux cas de cancers de la prostate. Et bien sûr, ça, ce sont les patients qui consultent. Ce qui signifie qu’il y a des gens qui ne consultent pas. C’est une affection qui est vraiment fréquente. Ce n'est pas que cette affection, c'est maintenant qu'elle se développe. Elle était là depuis. C’est le dépistage ou bien la consultation qui n'était pas fréquente. Maintenant, les patients viennent à l'hôpital. Ce qui fait qu'on découvre un peu plus tôt, un peu plus fréquemment encore, cette affection.

Combien coûte la prise en charge ?

La chirurgie du cancer de la prostate, par exemple, n’est pas aussi très coûteuse. Dans le centre public, elle s’évalue autour de 400 000 FCFA. On peut faire une prostatectomie totale.

Propos recueillis par Abel OZIH

Auteur
santé éducation
Rédacteur
Raymond DZAKPATA

Le cancer de la prostate est une affection fréquente au Togo avec une incidence en augmentation. Il se manifeste essentiellement par des troubles urinaires associés à des douleurs osseuses. La présence de nombreuses formes...

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