Prévention du cancer de la prostate/Interview du Pr Kodjo Michel Tengue, Chef service d'urologie CHU Sylvanus Olympio de Lomé
- Posted on 07/07/2022 14:40
- Film
- By raymonddzakpata@sante-education.tg
Extrait de l'article: Le cancer de la prostate est une affection fréquente au Togo avec une incidence en augmentation. Il se manifeste essentiellement par des troubles urinaires associés à des douleurs osseuses. La présence de nombreuses formes...
« Chaque année, nous enregistrons environ 300 nouveaux cas de cancer de la prostate. Il est nécessaire de dépister tôt pour une prise en charge efficace »
Chaque année, le mois
de novembre, à, travers la campagne Novembre Bleu, se profile comme un moment
d’engagement significatif en faveur de la sensibilisation et de la prévention
des cancers masculins (cancers de la prostate, testicule, pénis) et à la santé
masculine. À l’occasion de Novembre Bleu, Santé-Éducations fait un point sur le
cancer de la prostate, qui représente le 1er cancer chez les hommes en termes
de fréquence. Survenant après 50 ans, le cancer de la prostate peut évoluer
sans symptômes. Le dépistage et la consultation précoce (dès les premiers symptômes)
constituent les meilleurs moyens permettant d’améliorer la survie devant le
cancer de la prostate. C’est ce que martèle Professeur Kodjo Michel Tengue,
Chef service d'urologie CHU Sylvanus Olympio de Lomé dans cet entretien.
Santé-Education :
Qu’est-ce que la prostate ?
Pr Kodjo Michel
Tengue : La prostate, c'est un organe, ce n'est pas une maladie en soi. C'est
une glande qui se trouve au niveau du petit bassin, juste sous la vessie. C'est
un organe qui entoure la portion initiale de l'urètre. Son rôle est de secréter
un liquide qui rentre dans la composition du sperme. Lorsque le sperme est
émis, il est d'abord épais et après ça, il se liquéfie. Donc c’est lorsque le
sperme est liquéfié, que les spermatozoïdes peuvent être libérés et aller
féconder l'ovule. C'est le rôle de la prostate de sécréter ce liquide qui va
aider les spermatozoïdes à aller féconder l'ovule.
Cet organe peut avoir
des maladies et ces maladies sont liées le plus souvent à l'âge. Donc,
lorsqu'on grandit, la prostate commence aussi par grossir. Et c’est ce qu'on
appelle l'hypertrophie de la prostate. L'hypertrophie de la prostate peut être
bénigne face à la tumeur bénigne et peut être maligne, ce qu’on appelle
habituellement le cancer de la prostate.
Qu’est-ce que le
cancer de la prostate ?
L’hypertrophie
bénigne, c'est une affection. Il y a des signes qu'on guérit facilement. Mais
le plus redoutable des affections, c'est surtout le cancer de la prostate.
C'est une affection qui peut être guérie. Dans l'entendement de la plupart des
personnes lorsqu'on entend le cancer de la prostate, on pense à la fatalité.
C'est un cancer, c'est une maladie qu'on peut guérir ; et dans quelles
circonstances on peut guérir cette maladie ? C'est en consultant tôt ou
encore en faisant des dépistages.
Quels sont les signes
qui peuvent amener à consulter ?
Lorsqu’on ressent des
difficultés pour uriner, on pousse pour uriner. Lorsqu'on urine, les urines ne
sortent pas facilement ou encore lorsque le jet mictionnel a baissé. En plus de
cela, lorsqu’on sent l'envie d'uriner et il faut se presser pour aller uriner ;
des fois, on se mouille même avant d'arriver aux toilettes. Plus encore la
nuit, on surveille plusieurs fois plus de deux fois pour aller uriner. C'est le
signe qui alarme et il faudrait aller consulter. Le plus redoutable est qu’il y
a du sang qui sort avec les urines. Ce sont des signes qui alarment et qu'il
faudrait aller consulter à l'hôpital. Lorsqu'on consulte à l'hôpital, nous
avons le médecin qui va nous examiner. Il va faire un examen qu'on appelle le
toucher rectal. Le toucher rectal, c'est introduire le doigt au niveau de
l'anus. C'est un examen qui n'est pas douloureux lorsqu'on met un lubrifiant,
on introduit le doigt, bien sûr, en portant un gant. Il faut être détendu.
C'est un examen qui n'est pas douloureux. C'est vrai que c'est gênant, mais ce
n'est pas douloureux. En dehors de ça, le médecin vous demandera des bilans.
Une analyse de sang qu'on appelle le PSA. Le PSA c'est ce qui permet de voir si
c’est une tumeur bénigne ou une tumeur cancéreuse. Même si on découvre que
c'est un cancer, ça peut se guérir. L'essentiel est qu’on découvre ça le plus
tôt possible.

Quels sont les moyens
de traitement ?
Nous avons la
chirurgie. La chirurgie, c'est la prostatectomie totale. On enlève toute la
prostate et le patient maintenant peut être débarrassé de la maladie
prostatique, ce cancer. En dehors de ça nous avons la radiothérapie ; le
patient est allongé sur une table comme dans un appareil de scanner et on
envoie des irradiations sur la prostate pour détruire en plusieurs séances la
maladie prostatique.
Tous ces moyens de
traitement ont des complications. Ça ne signifie pas que forcément ça va
survenir, ça peut survenir. Comme certaines difficultés à retenir les
urines ; dès qu’on sent l'envie d'uriner l'urine peut commencer par
sentir. On peut avoir des difficultés pour avoir des érections. Mais tout ceci
se corrige. D’où la nécessité de consulter ou encore de faire des dépistages
pour pouvoir découvrir sa maladie très tôt et éviter l'évolution vers les
formes avancées.
Qu'est ce qui provoque
alors ces maladies ?
Jusqu’à présent des
facteurs qui ont été évoqués ne sont pas vraiment satisfaisants. Beaucoup
disent que ça, c'est ça qui donne la maladie. Les facteurs sont les rapports
sexuels. Les gens ont évoqué qu’en faisant des rapports sexuels, on a la
maladie de la prostate. Tout est archifaux. Vous pouvez faire les rapports
sexuels tous les jours ou vous n'avez jamais fait de rapport sexuel, Il y a le
risque toujours de développer cette maladie prostatique. L’alimentation, la
boisson, c'est non. Ce sont des facteurs qui n'ont pas de relation avec le
développement de la maladie prostatique. Lorsque ce qui est vraiment reconnu,
c'est l'âge, avec l'âge, la maladie se développe. La testostérone, c'est une
hormone que nous avons et qui fait développer la maladie. D’où la nécessité de
faire le dépistage ou encore de consulter tôt.
A partir de quel âge y
a-t-il le risque de développer la maladie ?
A partir de 45 ans.
C'est vrai que chez certaines formes, ça peut commencer plus tôt, mais à partir
de 45 ans, c'est raisonnable de commencer par dépister et faire des bilans
annuels pour le dépistage du cancer de la prostate.
Quelle est la
situation du cancer de la prostate au Togo ?
Nous avons fait une
étude au CHU Sylvanus Olympio de Lomé. Chaque
année, nous enregistrons environ 300 nouveaux cas de cancers de la prostate. Et
bien sûr, ça, ce sont les patients qui consultent. Ce qui signifie qu’il y a
des gens qui ne consultent pas. C’est une affection qui est vraiment fréquente.
Ce n'est pas que cette affection, c'est maintenant qu'elle se développe. Elle
était là depuis. C’est le dépistage ou bien la consultation qui n'était pas
fréquente. Maintenant, les patients viennent à l'hôpital. Ce qui fait qu'on
découvre un peu plus tôt, un peu plus fréquemment encore, cette affection.
Combien coûte la
prise en charge ?
La chirurgie du cancer
de la prostate, par exemple, n’est pas aussi très coûteuse. Dans le centre
public, elle s’évalue autour de 400 000 FCFA. On peut faire une
prostatectomie totale.
Propos recueillis par Abel OZIH