Développer l’industrie pharmaceutique locale

Développer l’industrie pharmaceutique locale
Extrait de l'article: Le 21 novembre 2023, le Ministre de la santé et de l’Hygiène Publique, le Prof. Mijiyawa Mustapha a publié un communiqué dénonçant des « individus véreux sous couvert de la médecine traditionnelle prétendent guérir le diabète par des traitements. Ces

Le 21 novembre 2023, le Ministre de la santé et de l’Hygiène Publique, le Prof. Mijiyawa Mustapha a publié un communiqué dénonçant des « individus véreux sous couvert de la médecine traditionnelle prétendent guérir le diabète par des traitements. Ces traitements en déphasage avec le code de la santé, ne sont ni validés ni autorités par les services compétents… ».  Au même moment, le principal thérapeute qui est au centre du communiqué, multiplie des déclarations sur les réseaux sociaux, en défiant le ministre de la santé.  Cet événement démontre les malaises et faiblesses, du système de santé au Togo, comme le pensent certains analystes. Un système de santé verrouillé où on donne très peu de place aux solutions endogènes ou locales, en termes de médicament, face à la kyrielle de pathologies qui sévissent au sein de la population.

Situation de la promotion de la médecine traditionnelle au Togo

Selon l’OMS au moins 80% des patients dans les pays africains se traitent auprès des thérapeutes traditionnels. Une preuve, le ministère de la santé dans ses documents, notifie toujours la faible fréquentation hospitalière, le phénomène des perdues de vue et autres réalités sociales qui ne mettent pas en confiance les populations face aux hôpitaux.

La situation de la médecine traditionnelle au Togo est « calamiteuse. Les praticiens sont divisés en plusieurs clans qui s’affrontent. D’une manière générale, tout ce désordre constaté dans ce domaine est le fruit de l’hostilité des praticiens de la médecine moderne. Je soutiens ceci parce que ce sont eux qui tiennent aujourd’hui, les rênes de la santé. Au Togo les sommités de la santé, notamment les universitaires, ne sont pas en grande majorité favorables à l’essor d’autres pratiques alternatives en santé », a décrié M. Koffi, un membre d’une des associations des praticiens de la médecine traditionnelle à Lomé. 


En pharmacie, quand on cherche les phytomédicaments togolais c’est unanime, aucun n’existe dans les rayons. En tout cas, pas officiellement. Pourtant dans l’espace UEMOA élargi même à la sous-région ouest africaine, des efforts sont faits dans plusieurs pays pour mettre sur le marché des produits ou médicaments phyto. Le Togo fait un cas particulier dans cet espace.

Autorisation de mise sur le marché des phytomédicaments

Les systèmes de santé en Afrique sont très dépendants des médicaments fabriqués en dehors du continent. Ces médicaments sortis des grandes firmes pharmaceutiques, à priori, s’imposent de facto dans la chaîne de distribution de médicaments. « Quand vous voyez les normes d’homologation des produits ou médicaments phyto au Togo, c’est totalement calqué sur les normes internationales. Les conditions sont très lourdes, très longues, très complexes, très onéreuses. Aucun praticien de la médecine traditionnelle au Togo ne peut les satisfaire » a déclaré un phytothérapeute togolais lors d’un rencontre débat à Lomé.

Dans les pays voisins, il existe un système local plus souple pour obtenir l’autorisation de mise sur le marché des produits locaux de soins. C’est ainsi qu’on peut voir dans ces pays des produits phyto efficaces disponibles officiellement pour le bien des populations. Ceci renforce leur système de santé.

On se rappelle en 2020, lors du déclenchement de la pandémie de Covid-19, l’Université de Lomé a lancé un appel aux praticiens de la médecine traditionnelle pour présenter des formules qui permettent de constituer un ou des phytomédicaments contre le virus. Mais la suite, n’a pas été du goût des phytothérapeutes. « Nous avons dans un élan patriotique envoyé nos formules. Mais nous n’avons pas été associés au processus. Nous n’avons même pas eu les résultats des essais cliniques qui ont été réalisés. Nous avons juste eu des rumeurs selon lesquelles certains universitaires auraient chuchoté que nos formules ne sont pas à la hauteur des espoirs», a rappelé un autre praticien de la médecine africaine. 

La guérison des maladies chroniques

Si on a un système de santé aussi bloqué comme celui du Togo, « il ne faudrait pas que les responsables du ministère de la santé et l’ensemble des médicaux soient estomaqués d’entendre les praticiens traditionnels déclarer qu’ils guérissent telle pathologie ou telle autre. Je crois que ce n’est qu’un début. Plusieurs praticiens suivront après pour annoncer qu’ils ont mis au point un produit qui guérit totalement des pathologies que la médecine moderne loge dans la cage des maladies de traitement à vie », soutient un analyste.

Ce qui fait débat au Togo, passe pour une avancée ailleurs en Afrique : « Dans certains pays, les praticiens de la médecine traditionnelle sont plus virulents. Guérisons du diabète, hypertension, cancers, sida, Covid, hépatites, même la drépanocytose. Au Togo, il faut que la Division de la médecine traditionnelle du ministère de la santé, développe un réel cadre de promotion des praticiens et leurs produits avec la mise sur pieds de nouveaux textes et mécanisme d’homologation purement basé sur les réalités et besoins nationaux et favoriser une collaboration officielle entre la médecine moderne et traditionnelle », recommande un autre praticien.

Depuis des années déjà, l’OMS recommande tous les pays d’examiner la meilleure façon d’intégrer la médecine traditionnelle et complémentaire dans leurs systèmes de santé nationaux. « Je vous invite à faire de cette réunion le point de départ d’un mouvement mondial visant à libérer le pouvoir de la médecine traditionnelle grâce à la science et à l’innovation », a déclaré Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, relevant les énormes contributions à la santé humaine apportée par la médecine traditionnelle. Cette déclaration est faite à l’ouverture d’un sommet mondial sur la médecine traditionnelle en août 2023 en Inde. 

Il est sûrement temps que les praticiens de la médecine conventionnelle se réconcilient avec la réalité en acceptant que la pratique de la santé n’est pas seulement de leur apanage dans nos communautés.  Il y a des limites que peuvent combler les autres pratiques. Mais pour y arriver, il faut sortir du cercle de la condamnation, diabolisation, dénigrement pour aller à une collaboration de recherches scientifiques. « De toutes les façons, je considère le communiqué du ministre de la santé comme une pierre jetée dans la mer, qui ne va rien changer. Car, ce communiqué n’empêchera pas les populations d’aller vers ces praticiens qui selon le témoignage de certains patients leur donnent satisfaction, voire la guérison », affirme un journaliste de la place.

Gamé KOKO

Auteur
santé éducation
Rédacteur
Abel OZIH

Le 21 novembre 2023, le Ministre de la santé et de l’Hygiène Publique, le Prof. Mijiyawa Mustapha a publié un communiqué dénonçant des « individus véreux sous couvert de la médecine traditionnelle prétendent guérir le diabète par des traitements. Ces

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