Développer l’industrie pharmaceutique locale
- Posted on 08/12/2023 17:17
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- By abelozih@sante-education.tg

Extrait de l'article: Le 21 novembre 2023, le Ministre de la santé et de l’Hygiène Publique, le Prof. Mijiyawa Mustapha a publié un communiqué dénonçant des « individus véreux sous couvert de la médecine traditionnelle prétendent guérir le diabète par des traitements. Ces
Le 21 novembre 2023, le Ministre de la santé et de l’Hygiène Publique, le Prof. Mijiyawa Mustapha a publié un communiqué dénonçant des « individus véreux sous couvert de la médecine traditionnelle prétendent guérir le diabète par des traitements. Ces traitements en déphasage avec le code de la santé, ne sont ni validés ni autorités par les services compétents… ». Au même moment, le principal thérapeute qui est au centre du communiqué, multiplie des déclarations sur les réseaux sociaux, en défiant le ministre de la santé. Cet événement démontre les malaises et faiblesses, du système de santé au Togo, comme le pensent certains analystes. Un système de santé verrouillé où on donne très peu de place aux solutions endogènes ou locales, en termes de médicament, face à la kyrielle de pathologies qui sévissent au sein de la population.
Situation de
la promotion de la médecine traditionnelle au Togo
Selon l’OMS
au moins 80% des patients dans les pays africains se traitent auprès des
thérapeutes traditionnels. Une preuve, le ministère de la santé dans ses
documents, notifie toujours la faible fréquentation hospitalière, le phénomène
des perdues de vue et autres réalités sociales qui ne mettent pas en confiance
les populations face aux hôpitaux.
La situation de la médecine traditionnelle au Togo est « calamiteuse. Les praticiens sont divisés en plusieurs clans qui s’affrontent. D’une manière générale, tout ce désordre constaté dans ce domaine est le fruit de l’hostilité des praticiens de la médecine moderne. Je soutiens ceci parce que ce sont eux qui tiennent aujourd’hui, les rênes de la santé. Au Togo les sommités de la santé, notamment les universitaires, ne sont pas en grande majorité favorables à l’essor d’autres pratiques alternatives en santé », a décrié M. Koffi, un membre d’une des associations des praticiens de la médecine traditionnelle à Lomé.
En
pharmacie, quand on cherche les phytomédicaments togolais c’est unanime, aucun n’existe
dans les rayons. En tout cas, pas officiellement. Pourtant dans l’espace UEMOA
élargi même à la sous-région ouest africaine, des efforts sont faits dans
plusieurs pays pour mettre sur le marché des produits ou médicaments phyto. Le
Togo fait un cas particulier dans cet espace.
Autorisation
de mise sur le marché des phytomédicaments
Les
systèmes de santé en Afrique sont très dépendants des médicaments fabriqués en
dehors du continent. Ces médicaments sortis des grandes firmes pharmaceutiques,
à priori, s’imposent de facto dans la chaîne de distribution de médicaments.
« Quand vous voyez les normes d’homologation des produits ou
médicaments phyto au Togo, c’est totalement calqué sur les normes
internationales. Les conditions sont très lourdes, très longues, très
complexes, très onéreuses. Aucun praticien de la médecine traditionnelle au
Togo ne peut les satisfaire » a déclaré un phytothérapeute togolais
lors d’un rencontre débat à Lomé.
Dans
les pays voisins, il existe un système local plus souple pour obtenir
l’autorisation de mise sur le marché des produits locaux de soins. C’est ainsi
qu’on peut voir dans ces pays des produits phyto efficaces disponibles
officiellement pour le bien des populations. Ceci renforce leur système de
santé.
On se rappelle en 2020, lors du déclenchement de la pandémie de Covid-19, l’Université de Lomé a lancé un appel aux praticiens de la médecine traditionnelle pour présenter des formules qui permettent de constituer un ou des phytomédicaments contre le virus. Mais la suite, n’a pas été du goût des phytothérapeutes. « Nous avons dans un élan patriotique envoyé nos formules. Mais nous n’avons pas été associés au processus. Nous n’avons même pas eu les résultats des essais cliniques qui ont été réalisés. Nous avons juste eu des rumeurs selon lesquelles certains universitaires auraient chuchoté que nos formules ne sont pas à la hauteur des espoirs», a rappelé un autre praticien de la médecine africaine.
La
guérison des maladies chroniques
Si
on a un système de santé aussi bloqué comme celui du Togo, « il ne faudrait
pas que les responsables du ministère de la santé et l’ensemble des médicaux
soient estomaqués d’entendre les praticiens traditionnels déclarer qu’ils
guérissent telle pathologie ou telle autre. Je crois que ce n’est qu’un début. Plusieurs
praticiens suivront après pour annoncer qu’ils ont mis au point un produit qui
guérit totalement des pathologies que la médecine moderne loge dans la cage des
maladies de traitement à vie », soutient un analyste.
Ce
qui fait débat au Togo, passe pour une avancée ailleurs en Afrique : « Dans
certains pays, les praticiens de la médecine traditionnelle sont plus
virulents. Guérisons du diabète, hypertension, cancers, sida, Covid, hépatites,
même la drépanocytose. Au Togo, il faut que la Division de la médecine
traditionnelle du ministère de la santé, développe un réel cadre de promotion
des praticiens et leurs produits avec la mise sur pieds de nouveaux textes et
mécanisme d’homologation purement basé sur les réalités et besoins nationaux et
favoriser une collaboration officielle entre la médecine moderne et
traditionnelle », recommande un autre praticien.
Depuis
des années déjà, l’OMS recommande tous les pays d’examiner la meilleure façon
d’intégrer la médecine traditionnelle et complémentaire dans leurs systèmes de
santé nationaux. « Je vous invite à faire de cette réunion le point de départ d’un
mouvement mondial visant à libérer le pouvoir de la médecine traditionnelle
grâce à la science et à l’innovation », a déclaré Dr Tedros Adhanom
Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, relevant les énormes contributions à
la santé humaine apportée par la médecine traditionnelle. Cette déclaration est
faite à l’ouverture d’un sommet mondial sur la médecine traditionnelle en août
2023 en Inde.
Il est sûrement temps
que les praticiens de la médecine conventionnelle se réconcilient avec la
réalité en acceptant que la pratique de la santé n’est pas seulement de leur
apanage dans nos communautés. Il y a des
limites que peuvent combler les autres pratiques. Mais pour y arriver, il faut
sortir du cercle de la condamnation, diabolisation, dénigrement pour aller à
une collaboration de recherches scientifiques. « De toutes les façons,
je considère le communiqué du ministre de la santé comme une pierre jetée dans
la mer, qui ne va rien changer. Car, ce communiqué n’empêchera pas les
populations d’aller vers ces praticiens qui selon le témoignage de certains
patients leur donnent satisfaction, voire la guérison », affirme un
journaliste de la place.
Gamé KOKO