AVC : vite agir pour limiter les dégâts
- Posted on 30/10/2023 17:30
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Extrait de l'article: Troisième cause de mortalité, après les cancers et les cardiopathies ischémiques, et première cause d’incapacité motrice, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) sont aujourd’hui un réel problème de santé publique au Togo. Des études menées récem
Troisième cause de
mortalité, après les cancers et les cardiopathies ischémiques, et première cause
d’incapacité motrice, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) sont
aujourd’hui un réel problème de santé publique au Togo. Des
études menées récemment aux CHU Sylvanus Olympio et Campus de Lomé ont montré
que plus de 50% des patients admis sont atteints et les cas d’AVC ne cessent
d’augmenter. Quelle est la particularité des accidents vasculaires cérébraux ? Quels sont les moyens de prévention et de
lutte contre cette pathologie ? Pr Mofou Bélo, Spécialiste de Neurologie et de Neurophysiologie au
CHU Sylvanus Olympio de Lomé, Chef de Division de la
surveillance des Maladies Non Transmissibles au ministère en charge de la santé,
donne de précieuses indications.
La situation des AVC au niveau national est alarmante. D’après Pr Mofou
Bélo, « en 2022, environ 3850 personnes sont allées à l’hôpital pour
raison d’AVC. A lome, seule, 2500 personnes ont été victimes d’AVC. Environ
1000 personnes en sont mortes », a-t-il souligné le 21 Octobre 2023,
lors d’une campagne de sensibilisation
sur l’AVC, organisée par l’association 3A (Ananias, Azarias Misaël ).
Qu’entend-on par
Accident Vasculaire Cérébral ?
C’est un déficit
neurologique soudain à l’origine d’un déficit moteur, sensoriel, par
obstruction ou rupture d’une artère cérébrale. On parle d’AVC, lorsque par
exemple, un individu qui est sain présente brutalement une hémiplégie, une
perte de la vision ou une perte du langage de façon brutale.
Quels sont les
facteurs favorisant la survenue d’un AVC ?
Il faut distinguer deux types de facteurs favorisant les AVC. Il y a d’abord les facteurs modifiables : c’est des facteurs sur lesquels on peut agir pour éviter la survenue d’un accident vasculaire cérébral.
Il s’agit de : l’hypertension artérielle,
identifiée comme un tueur silencieux. C’est le premier facteur favorisant
l’AVC. Au Togo plus de 80% des victimes d’AVC sont hypertendus ; le diabète qui se
définit comme un taux de sucre élevé dans le sang. Le diabète crée un cercle
vicieux puisqu’il va être à l’origine de l’Hypertension artérielle ; l’obésité, une
personne qui est obèse va être forcément hypertendue et diabétique. On a l’inactivité physique, un
individu qui s’inscrit dans le cadre de l’inactivité physique va être obèse,
diabétique et aura un taux de graisse dans le sang élevé. Il finira par être
hypertendu ; le
taux de graisse élevé dans le sang, qui est un facteur très
important dans notre pays. Le régime pauvre en graisse n’est respecté. Les
huiles de consommation fréquentes sur nos marchés ne sont pas contrôlées et
sont parfois des huiles animales ; la
prise de pilule pour éviter les grossesses indésirées.
Il
y a aussi la pauvreté, lorsqu’on
est pauvre, on ne peut pas acheter son médicament antihypertenseur ; on ne
peut pas aller chez le médecin. Pauvreté sous-entend également le sous
équipement des structures sanitaires pour agir en cas de survenue des AVC.
Augmenter le niveau de vie de la population peut aider à la prévention des AVC ;
l’ignorance, car,
on peut beau être riche et avoir tous les moyens, mais lorsqu’on est ignorant,
c’est comme on n’a rien. Il faut lutter contre analphabétisme et
intensifier aussi la sensibilisation.
On
peut citer également la prise de l’alcool qui entraîne
l’obésité, la sédentarité, le taux de cholestérol, la fragilité des artères et
conduit à l’hypertension : le
tabac qui génère les plaques d’athérome qui favorisent les
infarctus du myocarde et les AVC ; Et le stress est considéré comme un facteur
de risque non négligeable
Ensuite
les facteurs non modifiables. Il s’agit de l’âge, plus on avance
en âge plus on est à risque de faire un AVC. Dans notre pays, à partir de 40
ans, les facteurs semblent entre là et c’est là où il faut faire beaucoup
attention. On a
le sexe : dans le monde, ce sont les hommes qui sont plus
à risques. Mais dans notre pays, les femmes au foyer sont les grandes
victimes car souvent sédentaires, obèses et n’ayant pas forcément les
informations sur la maladie. Et
la race, des études menées en Afrique du Sud et dans la
population noire américaine ont montré que les sujets noirs sont plus à risque
et il semble qu’il y a des facteurs génétiques.
Quelles sont les
causes d’AVC ?
L’hypertension et les malformations artérioveineuses sont à l’origine des accidents vasculaires hémorragiques, caractérisés par une rupture des artères.
Pour les accidents vasculaires ischémiques, caractérisés par la formation d’un caillot qui bouche une artère dans le cerveau, on peut citer l’hypertension, les malformations cardiaques, l’infarctus du myocarde.
Quels sont les
signes d’alerte d’un AVC ?
En dehors de la mort
brutale, on peut citer : une perte brutale du langage, une perte brutale de la
vision, une perte de la motricité de la moitié du corps, les troubles de
l’équilibre, le vertige, la perte de la sensibilité de la moitié du corps.
Comment doit-on
réagir en voyant ces signes ?
Le premier geste à faire en
cas d’un AVC est d’appeler immédiatement un médecin ou transférer directement
le malade dans une structure hospitalière ou dans une clinique où exerce un
neurologue. Il faut éviter de perdre du temps en gardant le malade à la maison
ou en allant dans les cliniques non équipées.
L’idéal serait d’avoir un
centre d’appel pour la régulation de patients qui font un AVC. Mais à défaut,
les patients peuvent être amenés dans les CHU à Lomé ou dans certaines
cliniques de la place pour une meilleure prise en charge.
Pourquoi c’est si
urgent d’agir en cas d’un AVC ?
Les anglo-saxons disent
« time is brain » de la même manière que le commerçant dit
« time is money » (le temps c’est de l’argent). Il ne faut pas perdre
une seule minute puisqu’au-delà de 6 heures sans être alimentées, les cellules
du cerveau meurent. Nous devons comprendre que lorsqu’il y a AVC, le sang ne
remonte plus au cerveau donc les cellules meurent.
Existe-t-il des
chances de récupérer après un AVC ?
Oui, il y a des chances de récupérer et la récupération est fonction du délai d’admission et de prise en charge. Mais dans notre pays où nous n’avons pas les moyens pour agir rapidement, c’est très difficile pour nous. L’idéal serait d’avoir les molécules qu’on appelle les « anti thrombotiques » qui permettent de recanaliser les tuyaux du cerveau qui sont bouchés par les caillots de sang.
Cependant, lorsque les
malades sont orientés vers un neurologue, la prise en compte des facteurs de
risques et la surveillance régulière permettent de récupérer rapidement. Depuis
que les structures de neurologie sont installées au Togo, la mortalité chez les
patients victimes d’AVC est passée de 50 à 17%.
Après un AVC, vers
qui doit-on se tourner ?
La prise en charge de l’AVC
est multidisciplinaire. Elle implique de ce fait, le neurologue, le radiologue,
le cardiologue, le diabétologue, le kinésithérapeute, l’orthophoniste, et
l’ergothérapeute. Un soutien psychologique par les psychologues est aussi
important. Mais une fois retourné à la maison, le patient devait être confié au
médecin de famille, de préférence un généraliste.
Comment prévenir la
récidive ?
Le risque de récidive après un AVC est grand. Théoriquement, 24 mois après la survenue d’un AVC, on est à risque de faire une autre crise. Pour éviter la récidive, il faut donc maîtriser les facteurs de risque, en prenant régulièrement les médicaments, en faisant du sport, en évitant les repas riches en graisse et sucre, et surtout retourner voir régulièrement son médecin ou son neurologue.
Comment prévenir un
AVC ?
Pour la prévention des AVC j’ai l’habitude de rappeler cette citation du philosophe Socrate : « connais-toi, toi-même ». Cela veut dire qu’il faut se faire dépister les facteurs de risque tôt. Pour un individu qui n’est pas hypertendu, il doit se faire prendre la tension au moins 2 à 3 fois l’année. Celui qui est hypertendu doit voir son cardiologue régulièrement et prendre ses médicaments tels que prescrits en respectant surtout les prises.
D’une manière générale, il
faut : pratiquer une activité physique telle que recommandée par l’OMS,
c’est à dire 30 minutes d’exercice physique comme le jogging ou la marche, manger
des repas pauvres en graisse, sel et sucre tout en misant plus sur les légumes
et les fruits, éviter de fumer du tabac et de boire l’alcool, à côté du respect
de ces règles, il faut voir régulièrement son médecin.
Conseils
Il ne faut pas paniquer
lorsque soi-même ou un parent ont un signe d’AVC. Il faut prendre le courage
d’aller vers une structure de santé, en particulier les CHU pour se faire
prendre en charge. Lorsque l’accident survient la nuit, il ne faut pas perdre le
temps et se dire que c’est la nuit et qu’on va attendre le lendemain avant
d’aller à l’hôpital ou bien se dire qu’on va prendre un quelconque médicament
en attendant que le jour se lève. Il faut agir rapidement car plus on perd le
temps plus les complications sont graves.
Abel OZIH