Prévention des maladies cardiovasculaires (MCV) : Interview du Pr René Baragou, Chef du Service de cardiologie du CHU Sylvanus Olympio
- Posted on 19/01/2024 12:47
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- By abelozih@sante-education.tg
Extrait de l'article: Au Togo, de récentes études dans la population révèlent que 30% des adultes souffrent d’hypertension artérielle, 7,3% de diabète et 15% d’obésité. Les MCV sont responsables d’une hospitalisation croissante dans les hôpitaux. Pour inverser la courbe,
« Cela se caractérise par des douleurs à la poitrine, une toux à l’effort, un essoufflement lors de l’effort…»
Au Togo, de récentes études dans la population
révèlent que 30% des adultes souffrent d’hypertension artérielle, 7,3% de
diabète et 15% d’obésité. Les MCV sont responsables d’une hospitalisation
croissante dans les hôpitaux. Pour inverser la courbe, l’enjeu principal se
situe dans la prévention. Le chef de Service de cardiologie du Centre
Hospitalier Universitaire Sylvanus Olympio et Président de
la Société de Cardiologie du Togo (SOCART), Pr René Baragou prodigue ses
conseils pour améliorer la prévention.
Santé-Education :
Y a-t-il des signes avant-coureurs qui peuvent alerter sur la survenue d’une
maladie cardiovasculaire ?
Pr René Baragou : Il faut distinguer deux groupes. Il
y a d’un côté ceux qui ne le savent pas mais qui sont à risque. Ce sont les
asymptomatiques. Cela concerne les personnes qui consomment du tabac, qui ont
un facteur héréditaire important, qui sont en surpoids ou obèses, font de
l’hypertension, ou encore du diabète. De l’autre côté, on trouve ceux qui ont
des symptômes. Cela se caractérise par des douleurs à la poitrine, une toux à
l’effort, un essoufflement lors de l’effort d’abord puis au moindre effort et,
enfin, au repos. Les hommes de plus de 40 ans et les femmes de plus de 50 ans
qui se trouvent dans l’un de ces deux groupes doivent se sentir concernés.
Est-il
possible de diminuer les risques ?
Pour les personnes qui sont à risque, il faut au
maximum contrôler ces risques. Ainsi, cela revient à ne pas fumer, avoir une
alimentation sans graisse et avec plus de légumes et pratiquer une activité
physique comme la marche ou favoriser les escaliers plutôt que l’ascenseur. Il
n’y a pas besoin de faire un marathon, une marche quotidienne d’une trentaine
de minutes suffit. Il faut également consulter un cardiologue une fois par an
afin qu’il puisse détecter d’éventuels problèmes coronariens.
Pour les personnes symptomatiques, la consigne est la même : il faut éviter de
fumer et mieux manger. En ce qui concerne l’activité physique, avant la
reprise, il faut consulter un cardiologue afin de prévenir l’arrivée d’un
infarctus.
Quelles sont
les principales maladies du cœur qui peuvent survenir ?
Il y a d’abord la cardiopathie ischémique qui représente environ 60% des hospitalisations. Elle peut aller de la simple angine de poitrine à l’infarctus et concerne tout ce qui relève de l’alimentation en sang du cœur par les artères coronaires. On trouve ensuite la cardiopathie valvulaire. Il s’agit d’un problème au niveau des valves du cœur qui sont soit malformées soit rétrécissent soit deviennent insuffisantes. Les deux gros symptômes sont l’essoufflement et les palpitations. Il y a ensuite la myocardiopathie qui touche les muscles cardiaques. Le cœur est un muscle qui peut parfois devenir déficient et perdre en efficacité, entrainant une insuffisance cardiaque. La maladie du muscle cardiaque peut être idiopathique, c’est-à-dire que les causes ne sont pas identifiées, ou secondaires, dans le cas d’une myocardite. On peut également avoir une cardiopathie congénitale qui est une malformation des enfants qui est prise très tôt en charge dans sa vie mais va le fragiliser.
Comment se
déroule le dépistage des maladies cardiovasculaires ?
Cela commence par un examen clinique, un
électrocardiogramme et une échographie cardiaque qui même s’ils sont imparfaits
permettent d'orienter le diagnostic, de visualiser d'éventuelles anomalies
valvulaires, du myocarde ou infarctus.
D'autres examens plus sensibles tels que test d'effort
ou scintigraphie myocardique permettront d'affiner le diagnostic et proposer le
cas échéant au patient une exploration de ses artères coronaires par une
coronarographie, examen qui permet de visualiser les artères du cœur et
d'éventuelles lésions d'athérosclérose.
Peut-on
faire du sport lorsque l’on a une pathologie cardiovasculaire ?
Cela dépend de la pathologie, il y a plusieurs grades.
Si le problème est celui d’un rétrécissement des valves, cela se soigne et on
peut reprendre une vie normale une fois le problème résolu. Par contre, si l’on
fait un infarctus, et un quart des patients entrent dans les maladies
coronariennes par l’infarctus, alors cela signifie que le cœur est déficient.
En fonction de la gravité, les efforts importants peuvent être interdits, voire
aller jusqu’à interdire le moindre effort ou même de prendre l’avion. Le plus
important, c’est d’éviter l’infarctus.
Propos recueillis par Abel OZIH