17 mai : Journée mondiale de l'hypertension artérielle: Interview du Professeur René Baragou, Chef de service de Cardiologie au CHU Sylvanus Olympio

17 mai : Journée mondiale de l'hypertension artérielle: Interview du Professeur René Baragou, Chef de service de Cardiologie au CHU Sylvanus Olympio
Extrait de l'article: Maladie chronique, l’hypertension artérielle est une hyperpression du sang sur la paroi des artères. On compte ainsi 1.28 milliard de personnes atteintes d’hypertension artérielle dans le monde, dont 700 millions qui ne sont pas traitées. Elle touche

« Pour prévenir l’hypertension artérielle, la modification du style de vie n’est pas seulement la base à atteindre avant d’enclencher une thérapie curative, elle est en même temps la mesure préventive la plus importante »


Maladie chronique, l’hypertension artérielle est une hyperpression du sang sur la paroi des artères. On compte ainsi 1.28 milliard de personnes atteintes d’hypertension artérielle dans le monde, dont 700 millions qui ne sont pas traitées. Elle touche, selon l’OMS, plus d’un adulte sur trois. Comment l’hypertension peut-elle être prévenue ? Quels sont les traitements de cette affection cardiovasculaire ? Comment surveiller sa tension ? Professeur René Baragou, Chef de service de Cardiologie au CHU Sylvanus Olympio de Lomé, Président de la Société de Cardiologie du Togo (SOCART) donne des précisions dans cette interview.

Santé-Education : Que doit-on comprendre sous la terminologie d’hypertension artérielle ?

Professeur Réné Baragou : L’hypertension, aussi appelée hypertonie artérielle, recouvre une augmentation chronique de la pression du sang. Celle-ci commence lors de valeurs systoliques supérieures ou égales à 140 mmHg, et lors de valeurs diastoliques supérieures ou égales à 90 mmHg. L’on considère comme optimale une pression sanguine en dessous de 120/80 mmHg. Au niveau mondial, ce sont plus d’un milliard de personnes qui sont affectées par cette hypertonie artérielle. L’hypertension provoque environ des millions de décès par année.  

À partir de quel moment doit-on se préoccuper activement de son hypertension artérielle ?

En principe, pour les personnes présentant une pression optimale (120/80 mmHg), il s’agit de faire mesurer sa tension au moins tous les 5 ans, et ce lors de diagnostics de routine. Pour les personnes présentant des pressions normales, mais élevées (à partir de 130/80 mmHg), cet examen devrait intervenir chaque année. L’on sait entre temps à quel point une mesure individuelle à la maison est importante. Celle-ci est idéalement effectuée sur le haut du bras.

Quelles personnes sont particulièrement à risque ?

L’hypertension représente un facteur de risque substantiel pour les maladies cardiovasculaires. Des calculateurs de risques peuvent aider à évaluer ces risques sur une période de 10 ans.


Les risques supplémentaires sont : le tabac, des perturbations du métabolisme des lipides, une teneur de sucre augmentée dans le sang à jeun, l’âge et des prédispositions dans la famille. Les personnes qui présentent déjà des maladies du système circulatoire coronaire devraient veiller particulièrement à leurs valeurs de tension.

Comment puis-je remarquer une hypertension ? Existe-t-il des signaux d’alerte ?

La mesure de la pression sanguine de manière routinière présente une valeur particulièrement importante, car une longue durée sans symptômes, fréquemment observée, peut retarder le diagnostic initial, souvent de plusieurs années. Dans tous les cas, l’on remarque souvent des maux de tête (surtout à l’arrière de la tête), des troubles du sommeil, des vertiges, des troubles de la vision, des bourdonnements d’oreilles, de la nervosité, de la tachycardie ou des saignements du nez. Si l’on ressent une oppression de la cage thoracique ou des insuffisances respiratoires, il faut rapidement se mettre en relation avec les services d’urgences ou une ambulance.

Quels sont les facteurs de risque inévitables ? 

Il y a les antécédents familiaux ; si vos parents ou grands-parents sont hypertendus, le risque est accru chez vous et vos enfants. On a l'âge : la tension systolique (supérieure) qui a tendance à augmenter avec l’âge (le risque s’accroît à partir de 55 ans en général ; chez l’homme, c’est à partir de 45 ans et chez la femme, à partir de 55 ans). Certaines maladies : maladies rénalesdiabèteapnée du sommeil...En dehors de ces facteurs non modifiables, des comportements à risque d'hypertension peuvent pourtant être corrigés. Certaines mesures hygiéno-diététiques peuvent prévenir les risques. 

L'hérédité joue un rôle dans l'hypertension artérielle ?

Oui. On parle de l’HTA familiale qui est actuellement bien définie. Il n'est pas rare de trouver au sein d'une même famille plusieurs hypertendus. Mais la découverte des gènes responsables de l'hypertension artérielle reste difficile. Néanmoins, avoir des parents hypertendus doit amener à faire contrôler sa tension plus régulièrement encore, au moins une fois par an après 30 ans et à promouvoir auprès de ses enfants de bonnes habitudes alimentaires, en évitant les excès de sel et le surpoids.

Quelles sont les conséquences de l’hypertension ? Qu’est-ce qui la rend si dangereuse ?

Très souvent, l’on ne décèle l’hypertension que par les manifestations de dommages qui en découlent. Il s’agit d’accidents vasculaires cérébraux, criss cardiaques, insuffisance cardiaque, ou « gros cœur, insuffisance rénale pouvant conduire à la dialyse. Des crises aigües de pression artérielle (>180/120 mmHg) peuvent entrainer des saignements du cerveau, des crises cardiaques et des lésions de l’aorte, tous potentiellement mortels.

Que puis-je faire à mon niveau pour faire baisser ma pression ?

Le mot-clé est un changement de style de vie, mais ceci a un ennemi interne redoutable : nos propres mauvais démons ! Il est recommandé de réduire la teneur en sel de cuisine des aliments, de ne consommer de l’alcool qu’en quantités modérées, de réduire sa masse corporelle ainsi que d’adopter une alimentation de type méditerranéenne (légumes, fruits, poisson, noix, huile d’olive). Il est aussi important de pratiquer régulièrement une activité physique d’endurance (au minimum 3 à 4 fois par semaine 30 à 45 minutes). Nous recommandons aussi des méthodes de détente comme des étirements pour réduire le stress. Autant que possible, il faudrait éviter de prendre à soi des médicaments augmentant la pression sanguine.

Quand faut-il se tourner vers des solutions médicamenteuses ?

La nécessité de l’utilisation de médicaments dépend des niveaux de risques individuels, des lésions déjà endurées par les différents organes, et, et cela n’est pas à négliger, du succès à juguler la pression sanguine au moyen de mesures basées sur un changement de style de vie. Selon l’état d’avancement de l’affection, de nos jours, l’on commence une thérapie, déjà avec une combinaison de deux sortes de médicaments distincts baissant la pression.

Est-ce que les médicaments régulant la pression doivent être pris à vie ?

Dans la grande majorité des cas, la réponse est oui. Le but le plus important à atteindre est une régulation continue et de longue durée de la pression sanguine, de façon à ce que les dommages aux organes soient évités. Ceci nécessite une prise de médicaments qui est également de longue durée, voire durant toute la vie. Un arrêt soudain et décidé par le patient de manière unilatérale peut en outre provoquer une remontée de la pression qui peut s’avérer dangereuse, voire fatale.

Quelles sont les mesures préventives les plus importantes ?

Pour prévenir l’hypertension artérielle, la modification du style de vie n’est pas seulement la base à atteindre avant d’enclencher une thérapie curative, elle est en même temps la mesure préventive la plus importante. De plus, celle-ci est également bénéfique pour la prévention d’autres maladies et affections comme : les crises cardiaques, les attaques cérébrales, et d’autres affections potentiellement dangereuses. Éviter : tabagisme, sédentarité, surpoids et obésité. Consommer sel et alcool avec modération ; Manger chaque jour 5 fruits et légumes et 3 produits laitiers allégés. Adopter une activité physique qui permet de parler pendant l'effort. Effectuer un relevé d'automesure au calme les jours qui précèdent la consultation médicale.

Soigner sa tension : une hypertension non traitée favorise après quelques années les maladies graves. Prendre sa tension régulièrement par an à partir de 40 ans. Donc, si l’on modifie son hygiène de vie, l’on fait d’une pierre plusieurs coups.

Une fois la tension normalisée, le traitement est-il encore nécessaire ?

Comme la plupart des maladies chroniques, le traitement sera instauré à vie, sauf dans quelques cas précis (origine rénale, atteinte des glandes surrénales ou même une surconsommation de réglisse…). Chez plus de 90 % des patients, l'arrêt du traitement est synonyme d'un retour à l'hypertension. Car si ces produits ramènent la tension à la normale, ils n'agissent pas directement sur les causes : on ne guérit pas de l'HTA.

Les traitements contre l'HTA comportent-ils des effets secondaires ?

Oui il y a des patients signalent des effets secondaires, qui leur paraissent gênants ou très gênants (fatigue, mains et pieds glacés, jambes lourdes et gonflées, insomnies, cauchemars, sécheresse de la bouche, vertiges, troubles digestifs, de la sexualité…). Mais l'erreur est de stopper ou de modifier son traitement soi-même. En cas de troubles gênants, il faut en parler à son médecin. Il est nécessaire d'adapter les prescriptions avant de trouver la bonne solution.

Propos recueillis par Abel OZIH

Auteur
santé éducation
Rédacteur
Abel OZIH

Maladie chronique, l’hypertension artérielle est une hyperpression du sang sur la paroi des artères. On compte ainsi 1.28 milliard de personnes atteintes d’hypertension artérielle dans le monde, dont 700 millions qui ne sont pas traitées. Elle touche

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