Excès d’alcool au Togo : tendance alarmante
- Posted on 06/12/2024 12:50
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- By abelozih@sante-education.tg
Extrait de l'article: Le ministère en charge de la Santé a présenté les 21 et 22 Novembre à Kpalimé les résultats de l'enquête STEPS 2021 portant sur les facteurs de risque des maladies non transmissibles (MNT). Elle a été réalisée grâce à l’appui financier de l’OMS. L’en
Le
ministère en charge de la Santé a présenté les 21 et 22 Novembre à Kpalimé les
résultats de l'enquête STEPS 2021 portant sur les facteurs de risque des
maladies non transmissibles (MNT). Elle a été réalisée grâce à l’appui
financier de l’OMS. L’enquête STEPS réalisée sur toute l’étendue du territoire
togolais de décembre 2021 à février 2022 a relevé la recrudescence des MNT au
Togo. Parmi les causes énumérées, figure la consommation excessive d’alcool. La
Région des plateaux occupe le 1er rang.
L’enquête a révélé, entre autres, que la prévalence de la consommation d’alcool au Togo est de 62,7%. La région des plateaux bat le record avec 74% suivi de la Kara 66,1%. Grand-Lomé est en troisième position (63,1%); La Maritime est quatrième (57,6%). La région des Savanes est cinquième (53,8%) et la Centrale la dernière (49,5%).
Selon un
rapport du Réseau ouest-africain d’épidémiologie sur la consommation de drogues
(WENDU), l'alcool est la substance la plus consommée au Togo, représentant 43 %
des cas, suivi par le cannabis à 26 % et les opioïdes d'origine médicale à 19 %
12. Les jeunes adultes, en particulier ceux âgés de 20 à 39 ans, sont les plus
touchés par cette consommation.
Selon
Touré Khadidja Cathérine, présidente de l’ONG Recherche, Action, Prévention et
Accompagnement des Addictions (RAPAA), le phénomène de la consommation des
substances psychoactives est un problème généralisé en Afrique de l’Ouest,
notamment au Togo. C’est devenu un problème de société et de santé publique.
Attention
aux maladies chroniques
Un
mode de vie qui n’est pas sans conséquence sur la santé. « L’alcool cible
malheureusement les organes nobles comme le tube digestif, l’œsophage et
l’estomac ; brûle les cellules, rentre dans le sang. L’alcool va fragiliser les
artères, passer dans le foie pour être métabolisé et ça détruit les cellules du
foie. L’alcool rentré également dans le cerveau pour aller agresser les
cellules cérébrales et nous amène petit à petit vers la démence », prévient
Professeur Belo Mofou, Chef Division de
la surveillance des Maladies Non Transmissibles au ministère de la santé
et de l’hygiène publique, Coordonnateur national de l'enquête STEPS Togo 2021.
Par
ailleurs, les boissons alcoolisées contiennent beaucoup de sucre qui sont
dangereux pour l’organisme. Les Togolais boivent … beaucoup trop. L’abus
d’alcool atteint des sommets le weekend. Les conséquences sont
dramatiques. Au-delà de la santé
physique et psychique, il contribue à des problèmes sociaux. Le cas de Kokou,
un jeune lycéen rencontré à Adidogomé Sagbado, est révélateur de ce que les
parents subissent lorsque ces garçons tombent dans l’addiction à l'alcool. Il
est fréquent, selon les témoignages, de le chercher des jours durant avant « de
le ramasser dans un coin du quartier et de l’amener à la maison », comme le
signale Richard, Menuiser, un proche de la famille. Il y a beaucoup de familles
au Togo « qui sont affectées, désemparées, bouleversées, démunies devant ce
phénomène et qui ne savent pas quoi faire devant l’addiction d’un des leurs »,
confie Richard.
Principales
causes
La consommation d'alcool chez les jeunes
adultes au Togo est influencée par plusieurs facteurs socioculturels,
économiques et psychologiques. Les consommateurs ont souvent recours à des
métaphores et autres procédés de langue pour qualifier les habitudes et
pratiques de consommation, les différents types de boissons alcoolisées ainsi
que les effets et dangers qui leur sont attribué. «On ne sait pas trop la
composition de ces boissons. Mais pour les jeunes, c’est la recherche de la
force physique et de la force sexuelle, et à travers ces boissons, ils pensent
pouvoir trouver ce qu’ils recherchent alors qu’en vérité tout cela nuit à leur
santé physique et mentale », a fait savoir Touré Khadidja Cathérine,
Présidente de RAPAA.
Un
phénomène qui demande «une réplique d’envergure»
Pourquoi
et comment sommes-nous arrivés là ?
Cela concerne-t-il
l'accessibilité financière de l'alcool ? Influence sociale ? Ou d'une
culture qui fait souvent le lien entre l’alcool et la convivialité et le
succès ? Au-delà des politiques gouvernementales, chaque citoyen togolais
doit jouer un rôle spécifique. Il est nécessaire de revoir les habitudes et les
priorités, de se questionner sur la relation santé-alcool et de favoriser des
options saines pour les instants de socialisation. L'étude STEPS ne se limite
pas à une succession de statistiques ; elle est un reflet projeté sur la
société togolaise. L'alcoolisme ne représente
pas une fatalité, mais un enjeu qui peut être résolu grâce à une détermination
commune, une sensibilisation personnelle et une action conjointe entre les
autorités et la population. Chaque verre en excès est une avancée supplémentaire
vers des répercussions qu'on peut prévenir. Il faut changer les choses, pour
nous-mêmes et pour les générations futures. L’approche « STEPwise » recommandée
par l’OMS a été la méthodologie utilisée depuis la phase de planification
jusqu’à celle de la dissémination des résultats. Cette enquête met enfin à la
disposition de tout le système de santé du Togo, les indicateurs factuels de
base sur les facteurs de risque des principales maladies non transmissibles et
les premières tendances populationnelles sur lesquelles les divers programmes
de lutte contre celles-ci pourront s’appuyer pour développer des politiques et
des stratégies de lutte adéquates.
Abel
OZIH