Excès d’alcool au Togo : tendance alarmante

Excès d’alcool au Togo : tendance alarmante
Extrait de l'article: Le ministère en charge de la Santé a présenté les 21 et 22 Novembre à Kpalimé les résultats de l'enquête STEPS 2021 portant sur les facteurs de risque des maladies non transmissibles (MNT). Elle a été réalisée grâce à l’appui financier de l’OMS. L’en

Le ministère en charge de la Santé a présenté les 21 et 22 Novembre à Kpalimé les résultats de l'enquête STEPS 2021 portant sur les facteurs de risque des maladies non transmissibles (MNT). Elle a été réalisée grâce à l’appui financier de l’OMS. L’enquête STEPS réalisée sur toute l’étendue du territoire togolais de décembre 2021 à février 2022 a relevé la recrudescence des MNT au Togo. Parmi les causes énumérées, figure la consommation excessive d’alcool. La Région des plateaux occupe le 1er rang.

L’enquête a révélé, entre autres, que la prévalence de la consommation d’alcool au Togo est de 62,7%. La région des plateaux bat le record avec 74% suivi de la Kara 66,1%. Grand-Lomé est en troisième position (63,1%);  La Maritime est quatrième (57,6%). La région des Savanes est cinquième (53,8%) et la Centrale la dernière (49,5%).

Selon un rapport du Réseau ouest-africain d’épidémiologie sur la consommation de drogues (WENDU), l'alcool est la substance la plus consommée au Togo, représentant 43 % des cas, suivi par le cannabis à 26 % et les opioïdes d'origine médicale à 19 % 12. Les jeunes adultes, en particulier ceux âgés de 20 à 39 ans, sont les plus touchés par cette consommation.

Selon Touré Khadidja Cathérine, présidente de l’ONG Recherche, Action, Prévention et Accompagnement des Addictions (RAPAA), le phénomène de la consommation des substances psychoactives est un problème généralisé en Afrique de l’Ouest, notamment au Togo. C’est devenu un problème de société et de santé publique.

Attention aux maladies chroniques

Un mode de vie qui n’est pas sans conséquence sur la santé. « L’alcool cible malheureusement les organes nobles comme le tube digestif, l’œsophage et l’estomac ; brûle les cellules, rentre dans le sang. L’alcool va fragiliser les artères, passer dans le foie pour être métabolisé et ça détruit les cellules du foie. L’alcool rentré également dans le cerveau pour aller agresser les cellules cérébrales et nous amène petit à petit vers la démence », prévient Professeur Belo Mofou, Chef Division de   la surveillance des Maladies Non Transmissibles au ministère de la santé et de l’hygiène publique, Coordonnateur national de l'enquête STEPS Togo 2021.

Par ailleurs, les boissons alcoolisées contiennent beaucoup de sucre qui sont dangereux pour l’organisme. Les Togolais boivent … beaucoup trop. L’abus d’alcool atteint des sommets le weekend. Les conséquences sont dramatiques.  Au-delà de la santé physique et psychique, il contribue à des problèmes sociaux. Le cas de Kokou, un jeune lycéen rencontré à Adidogomé Sagbado, est révélateur de ce que les parents subissent lorsque ces garçons tombent dans l’addiction à l'alcool. Il est fréquent, selon les témoignages, de le chercher des jours durant avant « de le ramasser dans un coin du quartier et de l’amener à la maison », comme le signale Richard, Menuiser, un proche de la famille. Il y a beaucoup de familles au Togo « qui sont affectées, désemparées, bouleversées, démunies devant ce phénomène et qui ne savent pas quoi faire devant l’addiction d’un des leurs », confie Richard.

Principales causes

 La consommation d'alcool chez les jeunes adultes au Togo est influencée par plusieurs facteurs socioculturels, économiques et psychologiques. Les consommateurs ont souvent recours à des métaphores et autres procédés de langue pour qualifier les habitudes et pratiques de consommation, les différents types de boissons alcoolisées ainsi que les effets et dangers qui leur sont attribué. «On ne sait pas trop la composition de ces boissons. Mais pour les jeunes, c’est la recherche de la force physique et de la force sexuelle, et à travers ces boissons, ils pensent pouvoir trouver ce qu’ils recherchent alors qu’en vérité tout cela nuit à leur santé physique et mentale », a fait savoir Touré Khadidja Cathérine, Présidente de RAPAA.

Un phénomène qui demande «une réplique d’envergure»

Pourquoi et comment sommes-nous arrivés là ?  Cela   concerne-t-il l'accessibilité financière de l'alcool ? Influence sociale ? Ou d'une culture qui fait souvent le lien entre l’alcool et la convivialité et le succès ? Au-delà des politiques gouvernementales, chaque citoyen togolais doit jouer un rôle spécifique. Il est nécessaire de revoir les habitudes et les priorités, de se questionner sur la relation santé-alcool et de favoriser des options saines pour les instants de socialisation. L'étude STEPS ne se limite pas à une succession de statistiques ; elle est un reflet projeté sur la société togolaise. L'alcoolisme ne représente pas une fatalité, mais un enjeu qui peut être résolu grâce à une détermination commune, une sensibilisation personnelle et une action conjointe entre les autorités et la population. Chaque verre en excès est une avancée supplémentaire vers des répercussions qu'on peut prévenir. Il faut changer les choses, pour nous-mêmes et pour les générations futures. L’approche « STEPwise » recommandée par l’OMS a été la méthodologie utilisée depuis la phase de planification jusqu’à celle de la dissémination des résultats. Cette enquête met enfin à la disposition de tout le système de santé du Togo, les indicateurs factuels de base sur les facteurs de risque des principales maladies non transmissibles et les premières tendances populationnelles sur lesquelles les divers programmes de lutte contre celles-ci pourront s’appuyer pour développer des politiques et des stratégies de lutte adéquates.

Abel OZIH

Auteur
santé éducation
Rédacteur
Abel OZIH

Le ministère en charge de la Santé a présenté les 21 et 22 Novembre à Kpalimé les résultats de l'enquête STEPS 2021 portant sur les facteurs de risque des maladies non transmissibles (MNT). Elle a été réalisée grâce à l’appui financier de l’OMS. L’en

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