Excès de médicaments aphrodisiaques : attention aux dangers

Excès de médicaments aphrodisiaques : attention aux dangers
Extrait de l'article: Préoccupés par leurs performances libidineuses, de nombreux usagers ont régulièrement recours aux comprimés, décoctions, poudres et écorces. Des produits qui décuplent l’endurance et l’appétit sexuels. Hommes et femmes en usent et abusent de ces dif

Préoccupés par leurs performances libidineuses, de nombreux usagers ont régulièrement recours aux  comprimés, décoctions, poudres et écorces. Des produits qui décuplent l’endurance et l’appétit sexuels.  Hommes et femmes en usent et abusent de ces différents aphrodisiaques en vente libre sur le marché, faisant fi des dangers énormes pour la santé.

Pommade, écorce, racines, bande, liquide, sirop et comprimé, aphrodisiaques traditionnels ou médicalisés sont vendus avec des promesses quasi magique : une érection facilitée ou décuplée, une sensation de légèreté, une libido ou un orgasme plus intense, un désir stimulé et performance au top.  « J’ai besoin des racines pour booster ma performance au lit. J’ai un sérieux problème avec mon pénis. Je prends du temps pour être en érection et lorsque j’y parviens, cela ne dure pas. J’ai peur que ma femme aille voir dehors. J’ai acheté des racines au marché, j’accompagne cela avec un verre d’alcool. Le résultat est juste là », confie Patrick, 41 ans, Maitre tailleur résidant à Adidogomé Logoté. Il poursuit en disant : « Lorsque que je n’ai pas les racines, je prends une boisson énergisante que je mélange avec un Nescafé, du whisky et une poudre faite à base d’écorces. Le résultat est pareil. Lorsque je n’ai pas les écorces, je fais recours à la médecine moderne. Je prends en général, des comprimés en vente dans les coins de rue ou souvent en pharmacie ; ils sont plus rapides. Ce sont des bons démarreurs sexuels ».

La prolifération de ces produits aphrodisiaques sur les réseaux sociaux attire l’attention sur une pratique risquée. Vendus comme des remèdes miracles, ces produits suscitent des inquiétudes parmi les experts de la santé.

Des facteurs favorisants 

Les personnes souffrant de dysfonctionnement sexuel sont généralement dominées par des perceptions socio-culturelles. Elles considèrent comme « honteux » ou hautement « confidentiel » tous les problèmes touchant les organes génitaux. Cette tendance à se cacher des autres favorise le recours à des tradipraticiens ou tout simplement un vendeur des aphrodisiaques dans l’espoir de résoudre définitivement le mal sans l’exposer même à un médecin, dans la plus grande discrétion.


« La prédisposition des populations à recourir à une automédication ouvre la voie aux entrepreneurs voulant gagner facilement et même illicitement leurs survies, en distribuant des produits pouvant être dangereux pour la santé. L’abondance de l’offre de toutes les variétés des aphrodisiaques sur nos marchés indique suffisamment l’expression de la demande ou du moins le besoin, voire la consommation de ces produits par une proportion importante de la population. Vraisemblablement, le business des aphrodisiaques et autres produits de sexualité prospère bien. A tout ceci, vient s’ajouter le faible accès aux services de santé, notamment ceux de la santé sexuelle masculine avec une forte concentration des médecins spécialistes en urologie à la capitale», estime Mamadou Oury Sidibé,  Assistant social, Gestionnaire des Services de Santé au Centre Africain d'Etudes Supérieures en Gestion (CESAG-Dakar)

La quasi-absence de l’Etat dans le contrôle du marché de fabrication, d’importation et de commercialisation des gammes de produits aphrodisiaques et de sexualité (scientifiquement approuvés) constitue un facteur essentiel. Il suffit de de se rendre dans nos différents marchés pour constater l’exposition flagrantes et agressives des produits aphrodisiaques aux emballages portant les images de l’organe externe masculin, des grosses fesses et des gros seins de la femme ; une fois encore, en violation de la pudeur et de nos normes socio-culturelles et religieuses.

Enfin, « certains hommes sont à la quête permanente de la performance sexuelle ou de l’asur–performance même, avec leurs partenaires sexuels. Le complexe de certains hommes d’être inférieurs à la femme et le manque de communication entre les couples dans un environnement ou le recours à un sexologue ou un psychologue sont également non négligeables. Cependant, la prise de traitement médicamenteux portant sur des organes aussi précieux comme l’appareil génital masculin sans aucune prescription établie par un professionnel de santé pourrait avoir des risques et conséquences graves sur la santé publique », explique Mamadou Oury Sidibé, Assistant social.

Risques et dangers

« J’ai une expérience des produits et comprimés aphrodisiaques en vente libre sur le marché. Après avoir bu cela, tu auras une érection et tout va bien se passer. Mais, après l’acte, tu ressens des maux de tête et des vertiges », confie Luc, Blanchisseur à Sagbado.  Même si leur efficacité est ressentie, les risques pour la santé, leurs effets secondaires, sont bien bien réels. 

La première conséquence est celle psychologique. En effet, « les produits aphrodisiaques jouent sur le psychisme des consommateurs. Ce sont plus les facteurs psychologiques que les principes actifs qui fonctionnent. D’ailleurs, beaucoup d’aphrodisiaques jouent sur l’analogie avec le pénis en érection ou le sexe féminin », explique un sociologue.

Autre danger : « à force de prendre ça, on devient dépendant. Cette dépendance amène l’organisme à résister à ces produits pour en finir définitivement avec son érection. Le plus souvent, ça arrive très tôt », ajoute un médecin généraliste.

De plus, « l’utilisation abusive de certains aphrodisiaques irrite les muqueuses urinaires. Ce qui peut provoquer des urines sanglantes. Une surdose peut même être mortelle. Malheureusement chez l’homme, ces orgasmes exagérés peuvent conduire à des érections incontrôlées qui peuvent aboutir à ce qu’on appelle priapisme, érection pathologique prolongée », affirme un médecin urologue.

Dr Mosidi Fofana, gynecomed et sexologue (Guinée), a mis en garde contre les dangers potentiels de ces produits aphrodisiaques. « Bien que les vendeurs affirment qu’ils sont sans effets secondaires, la réalité est tout autre. En plus des risques liés à la contrefaçon et à l’ingestion de substances toxiques, l’automédication peut aggraver les problèmes de santé sexuelle et avoir un impact psychologique négatif sur les patients. », martèle-t-il.

« Attoté » devient dangereux

Dans un récent communiqué, l’Autorité Ivoirienne de Régulation Pharmaceutique (AIRP) porte à la connaissance des populations que des tests de contrôle qualité effectués par le Laboratoire National de Santé Publique (LNSP) de Côte d’Ivoire, sur des échantillons des produits aphrodisiaques dénommés «Attote original 100% naturel » et « la paix Congnons-Mousso-Yako » ont révélé la présence d’importantes quantités de sildenafil dans ces produits.

Le sildénafil, précise l’AIRP, est un produit chimique médicamenteux indiqué dans la prise en charge du dysfonctionnement érectile. L’introduction de cette substance dans ces produits dits naturels constitue une adultération de ceux-ci. Il ne s’agit donc plus de produits naturels fabriqués exclusivement à base de plantes. Selon l’AIRP, la consommation de ces produits frelatés, surdosés au sildénafil entraîne des maux de tête et des vertiges. Chez les patients hypertendus ou présentant des risques cardiovasculaires, des Accidents Vasculaires Cérébraux (AVC), des crises cardiaques, voire la mort subite, peuvent survenir.

Prendre des précautions

La dysfonction érectile et l’éjaculation précoce sont des troubles complexes qui nécessitent une évaluation médicale approfondie, fait savoir Dr Mosidi Fofana, gynecomed et sexologue. Il est crucial de comprendre que ces conditions peuvent être le symptôme d’un problème. « Traiter uniquement les symptômes sans aborder la cause profonde peut aggraver la situation à long terme », insiste-t-il.

Les inducteurs d’érection, communément appelés aphrodisiaques, ne doivent en aucun cas être pris sans avis médical. C’est pourquoi, Dr Mosidi Fofana affirme que les médicaments sont soumis à des précautions d’emploi strictes et peuvent interagir avec d’autres traitements. « Une consultation médicale est essentielle pour évaluer les risques et bénéfices potentiels », recommande-t-il.

Bien lire les précautions d'emploi et se méfier des produits vantant des effets « miracles » et « rapides ». Le premier geste fondamental pour retrouver de la libido est de prendre soin de soi, et non de sa libido.  Améliorer la qualité du sommeil, manger sain et équilibré, pratiquer une activité sportive régulière, se réserver quelques moments de détente.

Il est temps d’agir

Des axes d’intervention devront être suivis à plusieurs niveaux afin de circonscrire la menace et limiter les conséquences de l’utilisation des aphrodisiaques naturels scientifiquement non approuvés sur la santé des populations. D’après Mamadou Oury Sidibé,  Gestionnaire des Services de Santé au Centre Africain d'Etudes Supérieures en Gestion (CESAG-Dakar), il s’agira entre autres : la conduite d’études sur des échantillons de produits aphrodisiaques et autres produits de sexualité disponibles sur le marché parallèle, le renforcement de la règlementation et le contrôle sur la fabrication, l’importation et la commercialisation des aphrodisiaques et dérivés dits naturels, la collaboration avec les praticiens de la médecine traditionnelle et ceux de la médecine occidentale afin d’échanger sur le rôle et la responsabilité de chacun dans la démarche de prise en charge des patients, enfin la sensibilisation des populations sur les risques et conséquences des aphrodisiaques et dérivés dits naturels mais non approuvés scientifiquement.

William O.

Auteur
sa
Rédacteur
Abel OZIH

Préoccupés par leurs performances libidineuses, de nombreux usagers ont régulièrement recours aux comprimés, décoctions, poudres et écorces. Des produits qui décuplent l’endurance et l’appétit sexuels. Hommes et femmes en usent et abusent de ces dif

VOUS POURRIEZ AUSSI AIMER