Emballage plastique : tueur silencieux
- Posted on 19/04/2023 18:27
- Film
- By abelozih@sante-education.tg
Extrait de l'article: Au Togo, de nombreuses personnes achètent leurs aliments chauds dans des sachets et des emballages en plastique. Cette pratique très courante, comporte malheureusement des risques pour la santé. Utiliser des sachets plastiques pour emballer les alime
Au Togo, de nombreuses personnes
achètent leurs aliments chauds dans des sachets et des emballages en plastique.
Cette pratique très courante, comporte malheureusement des risques pour la
santé. Utiliser des sachets plastiques pour emballer les aliments chauds entraîne
leur contamination par l’antimoine ou le Bisphénol A, qui sont des
composés cancérigènes.
Pour
acheter un repas, la plupart des gens font recours aux sachets plastiques. Plus
besoin de traîner des plats. Il suffit de trouver un sachet et le tour est
joué. Que ce soit
le riz, haricot, « Akpan », « Kom », les beignets, chacun
se reconnait. On est même les premiers à réclamer qu’on emballe dans le
plastique. Pour Afoua
Salifou, 30 ans, vendeuse de bouillie à Agoè Démakpoè, il est question
de paresse notoire chez les clients ; car ils disent souvent que les bols,
gobelets, assiettes les encombrent et préfèrent acheter de la bouillie dans les
sachets. « La
faute n’est pas à nous les bonnes femmes puisque nous ne répondons qu’à la demande de nos clients. C’est ce que demandent les clients que nous faisons. Et
il y en a même certains qui se fâchent en absence du sachet quand nous
vendons », a-t-elle souligné. On peut aussi remarquer que certains employés, salariés ou artisans
qui vont au travail, achètent leurs nourritures de la maison en sachet parce
que dans leur zone de travail, il n’y a pas assez de nourriture et le peu qu’on
trouve coûte cher.
Certains clients
réclament même de doubler l’emballage pour bien cacher la nourriture. Ils disent d’ailleurs
que les sachets sont assez disponibles dans les marchés. Avec 250 F on se
procure le paquet de 100 petits sachets plastiques, communément appelés « Plastiques blancs » ce qu’on utilise le plus dans les
boutiques et dans les ménages.
Composition
de ces emballages
Les
matières plastiques sont des matériaux organiques constitués de
macromolécules. Les plastiques sont des dérivés du pétrole. Ce sont des
polymères obtenus par polymérisation, on part d’une molécule simple dans
le but de faire accrocher cette molécule avec ses voisines identiques pour
former une grande chaîne de molécules dite macromolécule. En
effet, composés d'éléments comme le carbone, l'hydrogène, l'oxygène, l'azote ou
le soufre, les plastiques sont issus majoritairement du pétrole ou du gaz
naturel. La fabrication des sachets et emballages plastiques demande
l’utilisation des substances comme : le polyéthylène (utilisé dans la
fabrication de bouteilles et d'emballages plastiques), l’antimoine, le
bisphénol-A, le polychlorure de vinyle (intervenant dans la fabrication
d'emballages de supermarchés), le polycarbonate (utilisé dans la
confection de biberons, de tasses et de bonbonnes d'eau), qui sont des
substances très dangereuses pour la santé humaine.
Plastique et chaleur
Le problème est que le plastique a un ennemi : la chaleur. En effet, le danger des plastiques vient essentiellement des adjuvants, des solvants, des catalyseurs et autres produits chimiques qui sont utilisés pour provoquer la polymérisation, pour teinter, ou pour modifier les propriétés des plastiques.
La plupart du temps, les effets négatifs viennent de la dégradation
thermique des plastiques (quand on les
chauffe ou qu’on les brûle). Cela libère des
produits chimiques dans les éléments en contact avec le plastique ou dans l’air (dans le cas de la
combustion). En fonction des produits chimiques et de la quantité que l’on
ingère, il y a des risques plus ou moins grands pour la santé.
Attention, c’est un poison
D’après les
études du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), le plastique
est un poison pour l’environnement et la santé humaine. En effet, plus de 400
millions de tonnes de plastique sont produites chaque année dans le monde.
Cependant les micro-plastiques se transforment en minuscules particules de
plastique et pénètrent dans la nourriture, l’eau et l’air. Ainsi chaque
personne sur la planète consomme plus de 50 000 particules de plastique par
an. A en croire une
serveuse de riz à l’université de Lomé, « quand on met des produits
chauds dans les sachets, ces substances se dissolvent rapidement. Si c’est un
aliment, c’est clair que ça devient du poison. Nous devons faire attention
ou limiter au maximum leurs utilisations ». L’ingestion des aliments
chauds provoque parfois des troubles digestifs dus à la toxicité engendrée par
ces sacs plastiques surchauffés. Lorsqu’on emballe du riz, du couscous ou
du haricot avec du plastique, en déballant on a une petite couche d’huile sur
l’aliment qu’on va consommer. Cette couche d’huile n’est rien d’autre que
l’hydrocarbure liquéfié prévenant du plastique, qui lui-même est fabriqué à
partir des déchets d’hydrocarbures. Conséquence : on consomme des produits
toxiques. Le plastique libère dans l'eau ce que l'on appelle des
perturbateurs endocriniens. Leurs effets à très faible dose sont encore peu
perçus. Mais certaines études ont montré que l’emballage des aliments très
chauds dans des sachets plastiques augmente leur contamination par des composés
et substances cancérigènes. Au contact de la nourriture, il entraîne la
production de phtalates, des substances cancérigènes dont la dose augmente avec
la durée de conservation. L’usage des sachets noires, n’est pas loin d’être un poison.
Selon Christian Konfo, Enseignant de nutrition à l’Ecole Polytechnique
d’Abomey-Calavi (EPAC) au Bénin et à la Faculté des Sciences Agronomiques, « l’origine
pétrolière du sachet fait que le risque majeur auquel est exposé le
consommateur est le cancer car les sachets noirs sont essentiellement
constitués d’Alcène. D’autres conséquences parallèles, sont : l‘ingestion du plomb
et du monoxyde de carbone ».
Christian
Konfo, estime que le plomb introduit dans le corps sous quelque forme que ce
soit est très toxique. « Ce métal pouvant être libéré par la chaleur
des aliments dans le sachet a des effets qui se font généralement sentir après
une période d’accumulation du métal dans l’organisme. L’empoisonnement se
manifeste par l’anémie, la faiblesse sexuelle, la constipation, la colique. Le
monoxyde de carbone quant à lui est un terrible poison. En cas d'inhalation, il
se combine de façon quasi irréversible avec l'hémoglobine du sang à la place du
dioxyde de carbone, provoquant une anoxie et conduisant à l'asphyxie. La
libération du Monoxyde de Carbone ne fait suite qu’à un traitement thermique de
haute température comme faire du feu avec le sachet », explique
l’enseignant en nutrition.
Alerte sur les maladies chroniques
De
nombreuses études montrent que des éléments toxiques présents dans la
fabrication du plastique peuvent migrer dans un aliment chaud. L’ingestion
de tel repas provoque parfois des pathologies dues à la toxicité engendrée par
ces plastiques surchauffés.
D’après Mathieu Tobossi, Spécialiste en Hygiène et qualité alimentaires, même les aliments non chauds sont aussi soumis à des transferts des particules ce sont souvent des plastiques souples ou en PVC qui sont riches en dioxyne et en phtalates qui sont susceptibles de transférer des matières aux aliments qu’ils contiennent bien que ceux-ci ne soient pas chauds et donc le délais que l’aliment fait dans le plastique est ici à prendre en compte plus ça dure dans l’emballage plastique, les particules commencent par passer dans le contenu.
« Si
nous prenons les matières qui ont été surajoutées aux plastiques afin de les
aider à être souples, résistants, incassables, flexibles, nous avons ce qu’on
appelle le bisphénol A. Le bisphénol A,
sa dangerosité est beaucoup plus sur le plan reproductif. C’est une matière
« reprotoxique ». C’est-à-dire chez les hommes ca les rend
infertiles. Parce que ça provoque ce qu’on appelle la perturbation
endocrinienne. La perturbation endocrinienne donne la perturbation du sperme.
Les testicules vont totalement perdre leur volume. Ça donne les troubles de
testostérone alors que la testostérone c’est l’hormone principale chez l’homme.
Le bisphénol A donne aussi la faiblesse sexuelle », explique
Mathieu Tobossi. Chez les femmes, il y a le syndrome polykystique
ovarien. Les femmes ont des troubles de menstruation. « Les règles qui
vont sauter 2-3 mois et revenir après. Avec ça elle ne peut pas ovuler, ni
féconder ni concevoir. Il y a aussi l’endométriose qui donne des douleurs pas
possibles pendant la menstruation », indique-t-il.
« Lorsque
nous prenons une autre matière qu’on prend pour fabriquer les plastiques, nous avons
le polypropylène. Le polypropylène permet au plastique d’être résistant, d’être
indéchirable et d’être recyclable. A ce niveau, lorsque le polypropylène
retrouve le bisphénol A dans un plastique, et que les deux migrent dans le
repas, la dame qui va consommer ce repas à le risque de développer le cancer de
sein. », souligne Mathieu Tobossi.
Il
y a aussi une autre matière qu’on appelle phtalates. Cette matière a comme
propriété de rendre le plastique flexible. D’après le spécialiste en hygiène et
qualité alimentaires, « si cette matière s’accumule dans les graisses
après ça se diffuse dans le système gastro-intestinal. Ça se diffuse dans le
foie, les reins, les muscles, les poumons, les testicules et dans le lait
maternel chez la femme allaitante. Donc le bébé est exposé. La matière phtalates a aussi un effet tératogène
c’est-à-dire qu’elle provoque des risques de malformations du fœtus. Les
enfants qui vont naitre avec six doigts, avec les fentes labiales, des pieds
qui ne sont pas en forme. Il y a aussi la réduction du poids du fœtus. »
Une
quatrième molécule qu’on peut retrouver dans les sachets plastiques : ce
sont les dioxynes. Le spécialiste affirme que les dioxynes elles sont hautement
cancérigènes et perturbateurs des hormones au point que la reproduction est
perturbée tout ce qui est liée aux hormones est perturbé. Les dioxydes
provoquent aussi une affection du système immunitaire.
Que faire alors ?
Une
solution magique n’existe pas. « La
première précaution qu’il faut prendre c’est de sensibiliser. Si celui qui
utilise la matière plastique ne sait pas quel risque ou le danger sanitaire qu’il
court, il ne peut pas prendre la résolution de s’en débarrasser ou de s’en
méfier. Secondo, lorsque nous allons
acheter les denrées chaudes dans les sachets plastiques, il faut qu’une fois à
la maison rapidement qu’on les transvase dans le récipient en inox, en
porcelaine en verre et autres. Ceci pour éviter que la durée ou le temps de
contact provoque les particules dans la denrée qu’on veut consommer. », indique
Mathieu Tobossi, Spécialiste en hygiène et qualité alimentaires.
Pour limiter les dégâts réels que cause l’utilisation des sachets plastiques dans le pays, il revient à chacun de faire l’effort pour limiter au maximum leurs utilisations. A l’université de Lomé, par exemple, depuis le début de la rentrée académique 2019-2020, l’usage des sachets plastiques noirs a été interdit.
« Il
faut jeter les emballages plastiques qui présentent des signes d’usure ou bien de dégradation et
éviter de consommer le contenu. Les couverts, les plats, les couteaux, les
fourchettes en plastiques que nous avons dans nos maisons, il faut s’en
débarrasser c’est des dangers que nous
trainons dans nos cuisines. », martèle le spécialiste.
Il
est aussi important de préférer les aliments comme « Akpan » «
Egblin », « Ablo » conservés dans les feuilles. « Lorsqu’on
va mettre du chaud dans la feuille, il y aura
transfert de propriétés
thérapeutiquse dans cet aliment là parce que lorsqu’on prend les feuilles et quand on les fait infuser ou bien on les
expose à la chaleur, on arrive à en
sortir des particules thérapeutiques. En mangeant « akpan », « Egblin » ou «
Ablo » dans la feuille de bananier, manioc
ou teck, vous avez plus de chance aussi
de vous traiter indirectement. Je préfère qu’on utilise les feuilles. Si
les feuilles sont bien lavées, désinfectées, le risque d’infection est
moindre parce que le chaud au contact des microbes qui pourraient se
retrouver sur ces feuilles avec un bout
de temps les microbes seront détruit et
donc le repas sera idem de grand danger», recommande Mathieu Tobossi
Abel OZIH & Joseph GANGUI